Les professeurs de latin sont souvent vus comme des vestiges
de l'enseignement de jadis, cramponnés à leurs antiquités,
et mal adaptés au monde moderne. C'est pourtant une image totalement
fausse. Je suis professeur de latin, et depuis que j'ai réalisé
mon rêve d'entrer dans le monde de l'ordinateur, j'ai rencontré
de nombreux collègues qui comme moi éprouvaient le même
plaisir à lire Lucrèce qu' à piloter leur machine. J'ai
même découvert sur la toile (le web) une liste de discussion
par mél (messagerie éléctronique), dont l'unique règle
est noli scribere nisi latine.
J'ai donc appris à me servir d'un ordinateur, et même à lui parler en Pascal, belle langue à la forte syntaxe, comme celle de Cicéron ou de Tacite. J'ai programmé des jeux de déclinaison qui amusaient fort les jeunes latinistes, des générateurs de phrases aléatoires, et récemment Analysis parce que je trouvais long de saisir à longueur de versions des listes de vocabulaire où se retrouvaient souvent les mêmes mots. Surtout lorsqu'il fallait écrire pour la vingtième fois tollo, is, ere, sustuli, sublatum : soulever, ôter, ou Senatus, us, m. : Sénat... A présent, je possède une imposante collection de textes latins, j'y cherche des passages qui me font plaisir, j'en fais des versions, et en quelques minutes et quelques corrections, ma liste de vocabulaire est toute prête. Mais assez de paroles. |