Arisitum LES CEVENNES VIGANAISES EN 1786-1787 (suite et fin)


La filature de soye et la fabrique des bas de soye et de coton forment encore une partie du commerce de Saint Jean de Gardonnenque, Sumène, Saint Laurent, Bez et Avèze. Il y a aussy à Saint Jean de Gardonnenque une fabrique de pessots et une tanerie considérable. Et a Sumène, Saint Laurent, Bez et Avèze, une fabrique de tonneaux et de cercles de chastanet qui est d'une grande ressource. Il y a aussy à Saint Laurent une papeterie très bien montée et très considérable, mais qui depuis quelques tems s'est réduite à ne faire que des cartons pour les cartes à jouer. Saint André de Valborgne et ses environs fournissent aussy plusieurs fabriques des petits cadis et de tramières qui passent en grande partie dans l'Auvergne et au Limousin. A Saint Jean de Gardonnenque, il y a plusieurs fabriques de bas de soye et de coton. Il y a aussy des manufactures en laine et des taneries, mais quy sont bien déchues depuis l'établissement des fabriques de bas quy leur enlèvent les ouvriers.

Le nombre d'habitans du diocèse se porte, suivant le dénombrement nouvellement fait, à 71 474, sans compter la ville d'Alais, quy n'est pas du département du Vigan.

Il faut, pour la nourriture des habitans du diocèse, 262 070 quintaux poids de marc des garins propres aux subsistances, indépendemment des chataignes et autres denrées qu'on y receuille, de manière que le diocèse, quy n'en fournit que 73 700 quintaux, est insufisant de plus de deux tiers.

Le charbon de pierre peut convenir aux filatures de soye, aux teintureries, excepté pour la couleur en écarlate, aux manufactures des chapeaux, aux verreries, aux fabriques d'eau de vie, aux forges, platineries, rafineries, distilleries, aux fours achaux et aux poteries et tuilleries.

Il y a dans le département du Vigan plusieurs mines de charbon de pierre, indépendemment de celles quy sont du coté d'Alais. Il y en a une dans la plaine de Cavaillac, près la ville du Vigan, quy est très abondante. Elle est exploitée aujourd'huy par le Sieur NICOLAS, allemand d'origine, quy obtint le 4 May 1783 un arret du Conseil qui luy accorde un privilège exclusif à une lieue de rayon. Cette mine est de dificille exploitation, parce que les deux rivières qui l'environnent l'incommodent beaucoup par les eaux qu'elles fournissent. Il est occupé dans le moment à faire une galerie d'écoulement de 300 toises de longueur pour l'évacuation des eaux de la superfisie, et à établir une pompe à cylindre que des chevaux feront mouvoir pour puiser celles de la profondeur. Il y en a une autre sur la montagne de Coularou, près le Vigan, que les propriétaires des fonds dans lesquels elle se trouve avoint commencé, il y a plusieurs années, à exploiter, mais qu'ils abbandonnèrent faute de moyens, ou fate d'être versés dans cette partie. Cette mine est comprise dans la lieue de rayon accordée au Sieur NICOLAS quy ne s'en est pas encore occupé.


mines de charbon de Sounalou (commune de Sumène)

Il y en a aussy, dans les environs de Sumène, à un endroit apellé Soulanou. En 1777, le Sieur MEJEAN et FERRIER de Ganges, ayant obtenu la permission de l'exploiter, ils s'associèrent le Sieur NICOLAS, celui cy commenca l'exploitation, mais après y avoir long tems travaillé et employé beaucoup d'argent, ils l'abbandonnèrent à cause des dificultés et du peu de charbon qu'ils y trouvèrent. Il y en a encore une dans les environs de Lassalle. On a pas tenté de les exploiter, faute de moyens ou par crainte d'un privilège exclusif. Dans la parroisse de Manoblet, il y a un endroit dont le terrein paroit en anoncer une, les pierres qu'on y trouve sur la superficie du terrein sont noiratres et susceptibles de l'action du feu. L'exploitation en seroit aisée et à l'abri des eaux.

Sources: Archives départementales de l'Hérault, Série C, numéro 47.

Auteur: Jean-Claude TOUREILLE jctou@arisitum.org


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