Arisitum
Cours du Samedi 29 novembre 1997
Pour la troisième personne, on emploie, si l'on veut dire au nominatif: il, elle, ils, elles, les pronoms démonstratifs is, ea, id, qui signifient ce, cette ce (neutre), mais peu à peu, dans la langue romaine, on a substitué à ce bon latin le mot ille (il), qui signifie à proprement parler celui-là.
En somme, il n'existe pas de pronoms personnels de la troisième personne en latin, et ce sont les pronoms démonstratifs suivants qui les remplacent:
Masculin | Neutre | Féminin | |||
Nominatif singulier | Is | Id | ce, cet | Ea | cette |
Génitif singulier | Ejus | Ejus | de lui | Ejus | d'elle |
Accusatif singulier | Eum | Id | le | Eam | elle |
Datif singulier | Ei | Ei | à lui | Ei | à elle |
Ablatif singulier | Eo | Eo | par lui | Ea | par elle |
Nominatif pluriel | Ii | Ea | ces | Eae | ces |
Génitif pluriel | Eorum | Eorum | d'eux | Earum | d'elles |
Accusatif pluriel | Eos | Ea | eux, les | Eas | elles |
Datif pluriel | Eis | Eis | à eux | Eis | à elles |
Ablatif pluriel | Eis | Eis | par eux | Eis | par elles |
Pronom réfléchi de la troisième personne
Ces derniers pronoms ne s'emploient que comme compléments et pour désigner la même personne que le sujet du verbe, puisqu'ils sont réfléchis.
Génitif singulier et pluriel | Sui | de soi | de lui, d'eux, d'elles |
Accusatif singulier et pluriel | Se ou Sese | soi | se, soi-même, lui-même, eux, elles |
Datif singulier et pluriel | Sibi | à soi | à lui, à eux, à elles |
Ablatif singulier et pluriel | Se ou Sese | par soi | par lui, par eux, par elles |
Voici un exemple tiré de César:
Caesar obsides ad se adduci jubet
ce qui donne, mot à mot:
Les pronoms possessifs
Ces pronoms peuvent être regardés également comme des adjectifs possessifs qui correspondent à mon, ton, son, nos, vos, leurs. En latin, il n'y a pas deux mots pour dire mon et le mien; les deux expressions se traduisent par meus (masculin), mea (féminin), meum (neutre), qui se déclinent comme bonus, bona, bonum (et donc sur dominus, sur rosa et sur templum).
Voici la liste à apprendre une fois pour toutes:
Masculin | Neutre | Féminin | ||
Meus | Meum | mon, le mien | Mea | ma, la mienne |
Tuus | Tuum | ton, le tien | Tua | ta, la tienne |
Suus | Suum | son, le sien | Sua | sa, la sienne |
Noster | Nostrum | notre, le nôtre | Nostra | notre, la nôtre |
Vester | Vestrum | votre, le vôtre | Vestra | votre, la vôtre |
Notez que noster et vester se déclinent sur Ager.
Lorsque nous traduirons certains textes, tantôt nous trouverons les pronoms possessifs, que nous venons d'apprendre, tantôt ceux que nous avons vu précédemment: ejus, eorum, earum, qui ont le même sens dans le français. Pourquoi ? Un exemple va vous le faire comprendre.
Soient les phrases:
Amicum diligo, sed superbiam ejus non amo
Amicos diligit, sed eorum vitia odit
c'est-à-dire, mot à mot:
Pourquoi, dans la première phrase, n'avoir pas mis: "l'orgueil sien", superbiam suam, au lieu de superbiam ejus ? Et pourquoi, dans la seconde, n'avoir pas mis: vitia sua, au lieu de vitia eorum, "les défauts d'eux" ?
Tout simplement parce que suus, sui, se, suorum, etc., ne sont employés que lorsqu'ils se rapportent au sujet dans une proposition principale.
Dans nos deux cas, son et leur (son orgueil, leurs défauts) sont dans une phrase dépendant d'une "phrase principale" qui précède. Si j'avais eu à exprimer cette pensée: "Le père aime ses enfants", j'aurais traduit par Pater diligit suos liberos et non liberos ejus, parce que ses se rapporte au sujet même de la phrase, qui est une proposition principale et non subordonnée, comme dans la proposition déjà énoncée plus haut (... sed superbiam ejus non amo).
Au reste, l'emploi de ces formes, ejus, eorum, est assez délicat dans la pratique, mais nous n'entrerons pas dans des détails trop techniques : notre objectif reste la traduction du latin médiéval dont les "complexités grammaticales" n'ont rien à voir avec celles que l'on peut rencontrer lorsque l'on étudie l'oeuvre des anciens auteurs latins.
Les pronoms démonstratifs
Il existe en latin une gamme très variée pour rendre nos pronoms démonstratifs: ce, cet, celui-ci, celui-là, etc.:
Masculin | Neutre | Féminin | |||
Nominatif singulier | Hic | Hoc | celui-ci, ceci | Haec | celle-ci |
Génitif singulier | Hujus | Hujus | de celui-ci | Hujus | de celle-ci |
Accusatif singulier | Hunc | Hoc | celui-ci | Hanc | celle-ci |
Datif singulier | Huic | Huic | à celui-ci | Huic | à celle-ci |
Ablatif singulier | Hoc | Hoc | par celui-ci | Hac | par celle-ci |
Nominatif pluriel | Hi | Haec | ceux-ci | Hae | celles-ci |
Génitif pluriel | Horum | Horum | de ceux-ci | Harum | de celles-ci |
Accusatif pluriel | Hos | Haec | ceux-ci | Has | celles-ci |
Datif pluriel | His | His | à ceux-ci | His | à celles-ci |
Ablatif pluriel | His | His | par ceux-ci | His | par celles-ci |
Voici maintenant la déclinaison de ille, illa, illud, dont nous avions déjà parlé plus haut:
Masculin | Neutre | Féminin | |||
Nominatif singulier | Ille | Illud | celui-là | Illa | celle-là |
Génitif singulier | Illius | Illius | de celui-là | Illius | de celle-là |
Accusatif singulier | Illum | Illud | celui-là | Illam | celle-là |
Datif singulier | Illi | Illi | à celui-là | Illi | à celle-là |
Ablatif singulier | Illo | Illo | par celui-là | Illa | par celle-là |
Nominatif pluriel | Illi | Illa | ceux-là | Illae | celles-là |
Génitif pluriel | Illorum | Illorum | de ceux-là | Illarum | de celles-là |
Accusatif pluriel | Illos | Illa | ceux-là | Illas | celles-là |
Datif pluriel | Illis | Illis | à ceux-là | Illis | à celles-là |
Ablatif pluriel | Illis | Illis | par ceux-là | Illis | par celles-là |
Voici quelques phrases de nature à vous faire comprendre la distinction entre hic et ille:
Melior tutiorque est certa pax quam sperata victoria:
haec in tua, illa in deorum manu est
ce qui nous donne, mot à mot:
En français, on peut comme en latin, supprimer l'article indéfini une; le tour de la phrase n'offrira qu'une allure plus fégagée: "Paix certaine est meilleur est plus sûre que victoire espérée: celle-ci est dans ta main, l'autre dans celle des dieux".
Dans la fable "Le Loup et l'Agneau", La Fontaine fait dire au loup "Et je sais que de moi tu médis l'an passé". Voici le vers correspondant de Phèdre : Ante hos ses menses male, ait, dixisti mihi.
Nous aurons, mot à mot:
"L'an passé" de La Fontaine est, cette fois, plus élégant que l'expression du poète latin, dont le style est en général moins pittoresque que celui de notre grand fabuliste français.
Quelquefois les Latins répétaient le pronom, comme dans sese, afin de montrer une sote d'insistance: Mihi sese offert : "il s'offre à moi".
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