Arisitum

NEUVIEME COURS DE LATIN

Cours du Samedi 15 novembre 1997


Comparatif et superlatif.

Les adjectifs, en latin, ont comme en français, trois degrés de signification:

POSITIF Fort Fortis
COMPARATIF Plus fort Fortior
SUPERLATIF Le plus fort Fortissimus

Il suffit donc, pour le comparatif, de remplacer les terminaisons i ou is du génétif par ior (masculin et féminin) et par ius (neutre).

Exemple: Sanctus, génitif Sancti (saint)

COMPARATIF (masculin et féminin) Sanctior plus saint
COMPARATIF (neutre) Sanctius plus saint

Sanctior se décline sur odor et sanctius sur opus.

Pour les trois genres:

Pour le superlatif, on remplacera i ou is par issimus, issima, issimum et on déclinera comme bonus, bona, bonum.

Exemples:

Mais, comme toujours, il y a de nombreuses exceptions; c'est ainsi qu'on dit: pulcherrimus (le plus beau), acerrima (très âcre), sans tenir compte du génitif, pour les adjectif en er. On dira aussi: simillima, facillimus pour les superlatifs de certains mots en is, comme similis, facilis.

Enfin, il existe des adjectifs à comparatifs et superlatifs spéciaux, comme en français. Bon, par exemple, au superlatif ne fait pas le plus bon (qui n'est pas français), mais le meilleur. De même, en latin, nous aurons:

POSITIF

COMPARATIF

SUPERLATIF

Bonus : bon Melior : meilleur Optimus : le meilleur
Malus : mauvais Pejor : pire Pessimus : le plus mauvais
Magnus : grand Major : plus grand Maximus : le plus grand
Parvus : petit Minor : plus petit Minimus : le plus petit
Multi : nombreux Plures : plus nombreux Plurimi : beaucoup

Parfois, on se trouve en présence d'un adjectif qui n'a ni comparatif ni superlatif. Alors les Latins y suppléaient en mettant, par exemple, magis ou maxime:

Traduisons maintenant quelques phrases simples. On voit souvent sur des ouvrages anciens A.M.D.G. : ce sont les initiales des mots de la phrase Ad Majorem Dei Gloriam (Pour la plus grande gloire de Dieu). Nous verrons, en étudiant plus tard les prépositions, qu'après ad on met l'accusatif.

Voici une devise lue sur un cadran solaire:

Hora sit optima cunctis

Virgile, dans ses Bucoliques, commence ainsi sa IVe églogue:

Sicelides Musae, paulo majora canamus :
Non omnes arbusta juvant humilesque miricae

Voici le mot à mot:

Ce que nous traduirons par "Muses de Sicile, élevons un peu nos chants : Tout le monde n'aime pas les arbrisseaux et les humbles fougères".

Notons, au passage, que la conjonction française et est représentée en latin par et, ac, atque, que. Sous cette dernière forme, elle est toujours placée après un mot (comme avec humilesque).

Ainsi, au lieu de dire Digilit patres et liberos (il aime les pères et les enfants), on dira équivalemment Patres liberosque digilit. Dans ce cas, on dit que que est enclitique (c'est-à-dire "qui s'appuie sur").

Dans ses Métaphores, Ovide met dans la bouche de Médée ces paroles :

Video meliora proboque, deteriora sequor

"Je vois les meilleures choses et je les approuve; (mais) je suis les plus mauvaises" (deteriora est ici au neutre pluriel)

L'auteur emploie ici le neutre, et de même qu'on dit bonum (le bien), on dira bona (les bonnes choses), meliora (les meilleures choses), deteriora (les plus mauvaises).

Saint Paul, plus tard, exprimera une pensée analogue dans ses Epîtres :

Non enim quod volo bonum, hoc facio; sed quod nolo malum, hac ago

Ce qui se traduira, en bon français, par : "Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas".

Voici encore une phrase de Cicéron où le deuxième terme de la comparaison est sous-entendu:

Ea ipsa quae dixi, sentio fuisse longoria.

Ignoscetis autem: non senectus est natura loquacior

"Ces choses que je viens de dire, je sens qu'elles ont été trop longues. Mais vous pardonnerez : car le vieillard est par nature assez loquace". Longoria : plus longues qu'il n'aurait fallu (neutre pluriel).

En bon français, nous dirons : "J'ai été trop long, je le sens. Mais vous me pardonnerez : c'est le propre de la vieillesse d'être assez loquace".

Nous terminons cette leçon par la suite de l'histoire de Moïse:

Filia Pharaonis puerum a morte eripit

Mox filia Pharaonis venit ad flumen ut ablueret corpus. Prospexit fiscellam in arundinibus haerentem, misitque illus unam e famulis suis.

Aperta fiscella, cernens parvulum vagientem, miserta est illius : "Iste est, inquit, unus ex infantibus Haebreorum".

Tunc soror pueri accedens : "Visne, ait, ut arcessam mulierem hebraeam, quae nutriat parvulum ?"

Et vocavit matrem. Cui filia Pharaonis puerum alendum dedit, promissa mercede. Itaque mater nutrivit puerum, et adultum reddidit filiae Pharaonis, quae illum adoptavit et nominavit Mosem, id est, servatum ab aquis.

Voici la traduction mot à mot:

La traduction française nous donnera donc:

"La fille du Pharaon sauve l'enfant.

Bientôt la fille du Pharaon vint au fleuve pour se baigner. Elle aperçut une corbeille arrêtée dans les roseaux et elle y envoya une de ses suivantes.

La corbeille une fois ouverte, apercevant un petit enfant vagissant, elle eut pitié de lui : « C'est, dit-elle, un enfant des Hébreux ».

Alors, la soeur de l'enfant s'approchant: « Voulez-vous, dit-elle, que j'appelle une femme israélite qui puisse nourrir ce petit ? ».

Et elle appela sa mère. La fille du Pharaon lui donna l'enfant à nourrir et lui promit une récompense. Ainsi la mère nourrit l'enfant, et, celui-ci une fois grand, elle le rendit à la fille du Pharaon, qui l'adopta et le nomma Moïse, c'est-à-dire sauvé des eaux".

L'ablatif absolu.

Dans le texte précédent, nous avons vu que le second alinéa commençait par Aperta fiscella, deux mots qu'on ne peut rattacher logiquement à la phrase principale. Ces deux mots à l'ablatif forment, pour ainsi dire, une phrase distincte que nous avons traduite par : La corbeille étant ouverte. Nous avons ajouté le mot "étant", mais on pourrait dire aussi bien: la corbeille une fois ouverte, ou simplement la corbeille ouverte...

Cette tournure, très fréquente, est l'ablatif absolu, qui, d'ailleurs, a laissé des traces dans notre langue. Ne disons-nous pas en français : « Cela étant...; ceci posé...; cela dit... ? ». Voyez dans cette phrase de Phèdre:

Partibus factis, sic locus est Leo

c'est-à-dire "Les parts faites (ablatif absolu), ainsi parla le Lion".

Nous disons aussi "Dieu aidant", Deo juvante (en latin, à l'ablatif).

Currente calamo est encore un ablatif absolu, que nous traduirons par "Au courant de la plume".

Dans le morceau précédent, nous avons également rencontré promissa mercede; encore un ablatif absolu qu'on peut traduire par "Une récompense (ayant été) promise"

On peut souvent rendre l'ablatif absolu par un substantif. Voici trois exemples:

On pourra traduire d'une manière à peu près analogue quo facto : après cela (au lieu de "cela étant fait").

On rencontre aussi Xerxe rege au lieu de Xerxe regnante, c'est-à-dire Xerxès étant roi au lieu de Xerxès régnant, qu'on pourra traduire comme nous l'avons indiqué plus haut: "Sous le règne de Xerxès". Mais on dit aussi bien en français: "Sous le roi Louis XIV", "sous l'Empire", "sous la Révolution".

La suite Samedi 22 novembre


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