Arisitum

L'ARCHEOLOGIE EN AQUITAINE (1995)
BILAN ET RESULTATS

(Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques)


Source: "Bilan Scientifique 1995", Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Aquitaine, Service Régional de l'Archéologie, 1996, pages 7 à 14.


Préface (de Dany BARRAUD)

Je souhaiterais consacrer cette préface à la mémoire de trois professionnels du patrimoine qui ont, chacun dans leur domaine, marqué l'histoire de l'archéologie régionale : Henri Laville, directeur de recherches au C.N.R.S., Emmanuel Payen, architecte des Bâtiments de France de la Dordogne et Richard Boudet, chargé de recherches au C.N.R.S.

Tous trois disparus très brutalement avaient oeuvré dans leur spécialité pour promouvoir, faire connaître ou conserver l'important patrimoine archéologique aquitain.

Géologue et préhistorien Henri Laville vient de disparaître, victime des suites d'une longue maladie. Sa carrière et son oeuvre sont attachées à l'Institut du Quaternaire de l'Université de Bordeaux I où il fut directeur de recherches du CNRS avant d'en devenir le directeur et le professeur de préhistoire entre 1990 et 1992.

Ses compétences l'ont conduit à travailler souvent à l'étranger sur des sites prestigieux ainsi en Espagne et plus récemment dans les Balkans. Mais avant tout, périgourdin de souche, originaire de Lanouaille en Dordogne, il a profondément contribué à l'étude chronostratigraphique des grottes et abris paléolithiques du Périgord où son oeuvre restera étroitement liée à celle de François Bordes et de l'Institut du Quaternaire, aujourd'hui UMR 99.33 du C.N.R.S.

Emmanuel Payen avait su comprendre très tôt l'utilité d'une collaboration entre archéologues et architectes. En nous permettant de réaliser systématiquement des opérations de sauvetage autour des édifices religieux sur lesquels il travaillait, il a souvent été à l'origine d'importantes découvertes archéologiques sur le monde funéraire médiéval ou l'origine des paroisses périgourdines.

C'est à Pont à Mousson, à l'occasion d'une table-ronde récemment organisée par l'Ecole du Patrimoine, qu'il présenta ses résultats, fruits de cette collaboration étroite.

Avec Richard Boudet, c'est le domaine de la protohistoire d'Aquitaine qui avait retrouvé un éclat nouveau. Les fouilles qu'il avait menées sur le plateau de l'Ermitage à Agen et les découvertes exceptionnelles réalisées dans un des puits, venaient couronner cinq années de travaux sur l'agenais avec, entre autres, la reprise du dossier sur la tombe à char de Boé. Les actes du colloque d'Agen qu'il avait organisé et qui viennent de paraître en ce début d'année 1996, concrétisaient une partie de ce travail.

Tous trois auront marqué la région de leur empreinte et il sera difficile dans les années à venir d'évoquer ces domaines de la recherche et de la conservation sans faire référence à leurs travaux. Il m'a donc semblé tout naturel de leur dédier les premières lignes de ce bilan et de leur consacrer cette préface.

L'ensemble du personnel du Service régional de l'Archéologie tient à présenter tout ses sentiments de sympathie à leurs familles.


Bilan et orientations de la recherche archéologique (de Dany BARRAUD et Jean-Michel GENESTE)

Avec plus de cent quarante autorisations délivrées, l'année 1995 se situe nettement en-dessous des chiffres habituels de l'activité archéologique régionale. 1995 met d'ailleurs fin à une croissance du nombre des opérations constante depuis plus de dix ans.

Cette baisse affecte surtout les petites opérations et, notamment, celles portant sur le patrimoine rural. Comme nous l'avions pressenti l'an passé, le coût financier des fouilles amène maintenant le plus souvent les aménageurs, qui sont souvent des collectivités territoriales, à négocier des modifications de projet, réduisant ainsi les atteintes au sous-sol, donc les coûts de fouilles.

Si l'on peut se réjouir de cette protection du patrimoine, il n'en reste pas moins que l'on risque de voir s'accentuer le décalage existant entre nos connaissances du monde urbain et celles du monde rural. Dans une région, l'Aquitaine, où malheureusement les chercheurs universitaires ou CNRS sont de plus en plus rares sur le terrain, en histoire du moins, il est à craindre que cette situation n'entraîne, à court terme, un appauvrissement des recherches sur l'occupation des sols.

Le nombre d'opérations portant sur le Paléolithique n'a pas énormément évolué en 1995.

La plupart de ces travaux sont consécutifs à des aménagements ruraux ou agricoles. Les périodes chronologiques concernées ont été essentiellement le Paléolithique supérieur.

Parmi les recherches programmées de longue durée développées autour de problématiques à long terme, plusieurs opérations sont cette année arrivées à échéance. C'est ainsi le cas des chantiers de la grotte d'Azkonzilo (Solutréen, Gravettien), de la Micoque (Paléolithique inférieur) et de la grotte de Combe Saunière (Solutréen, Paléolithique supérieur, Moustérien) fouillée depuis 1979. En outre, le projet collectif de recherche sur !a datation de séquences paléolithiques et pléistocènes d'Aquitaine ne se renouvellera pas en 1995. L'achèvement de ces programmes de fouille annonce la fin de problématiques initialisées il y a au moins une décennie. Les chantiers sur le Paléolithique en grotte ne se poursuivent en Dordogne qu'à la Grotte XVI (Cénac-et-Saint-Julien) à Brassempouy (Landes), et au Callan (Lot-et-Garonne).

Les chantiers sur les sites de plein air de grande superficie et multistratifiés sont, par contre, en développement à Creysse (Dordogne), sur le site de Barbas, avec la séquence complémentaire de Villazetta.

Les gisements à faune pléistocène quelle qu'en soit la période, sans présence humaine ou avec vestiges archéotypes discrets, se maintiennent en nombre et se développent aussi bien dans le massif des Pyrénées à Unikoté, qu'à la grotte XIV et à La Berbie en Dordogne.

Plusieurs gisements concernent la reprise de stratigraphies culturelles de référence à l'aide de technologies analytiques nouvelles, notamment en ce qui concerne les méthodes de datation absolues croisées. Outre le gisement éponyme de La Micoque, ce sont le Roc Allan pour la fin du Paléolithique et le Mésolithique et l'opération nouvelle de l'abri Castanet à Sergeac en Dordogne qui a remis au jour un niveau culturel d'Aurignacien.

Les projets collectifs de recherche se maintiennent au nombre de trois avec un programme attaché au financement de datations absolues de séquences stratigraphiques du Paléolithique du Bassin Aquitain qui s'est achevé cette année. Deux projets collectifs de recherche relatifs à des approches expérimentales sont consacrés à la constitution de corpus actualistes de données de référence ; c'est le cas du projet TRANSIT et de celui sur la technologie fonctionnelle des pointes solutréennes.

Un achèvement progressif de grands chantiers de fouilles programmées s'annonce donc dès 1996. il conduira de fait à la disparition d'une partie des opérations de terrain initiées il y a de cela une ou deux décennies.

Ce type de projet de terrain soutenu par des problématiques lourdes et ambitieuses, de longue durée - et qui se caractérisent par la constitution d'équipes pluridisciplinaires conséquentes - tend donc à disparaître. On peut estimer que pour l'heure ces opérations ne seront pas remplacées.

En effet les nouvelles opérations de terrain qui apparaissent comme celle de l'Abri Castanet, de Villazetta, des gisements à faune pléistocène sont plus légères et plus courtes dans leurs perspectives. Le nombre de chantiers de grande importance qui vont encore se poursuivre diminue donc considérablement et se limite aux recherches en grotte : Brassempouy, Le Callan, la Grotte XVI, Castanet et, en plein air, avec les sites de Barbas. Parmi eux, seulement un petit nombre dispose à l'heure actuelle de ressources archéologiques et de moyens scientifiques conséquents et fournissent des résultats importants pour la communauté.

On peut noter une certaine tendance régionale à poursuivre le réexamen du contenu de sites classiques : abri Castanet, le Roc Allan, La Micoque, Combe Grenal et Pech de l'Azé dans un projet collectif de recherche sur la lithologie et la biostratigraphie de sites paléolithiques, et à étudier les gisements de faunes pléistocènes.

Avec l'arrivée à leur terme de longues opérations sur des grands chantiers paléolithiques qui ont marqué le développement de 1a recherche préhistorique du Sud-Ouest de la France s'est engagée une phase d'exploitation des données, d'interprétation et de publication. Cette phase s'est déjà manifestée par des aides à la publication sollicitées pour les gisements des Tares (Moustérien), de Barbas (niveaux acheuléens) et de Combe Saunière (niveaux solutréens) entre 1993 et 1995. D'autres seront sans doute sollicitées dans les années à venir au rythme de l'avancement des travaux d'études.

Actuellement, des publications à caractère monographique sont en voie d'achèvement pour les trois gisements cités. Des synthèses sont, en outre, en cours d'élaboration sur d'autres sites comme Le Flageolet. Les recherches de La Micoque ne devraient pas tarder à être l'objet d'une diffusion scientifique de ce type.

Par ailleurs, parallèlement à l'achèvement général de la fouille du Roc Allan à Sauveterre-la-Lémance, la tenue récente d'une table-ronde sur le Sauveterrien va donner lieu à une publication de ses actes dans un ouvrage collectif.

Enfin, dans le domaine des fouilles de sauvetage, celles du Musée National de Préhistoire des Eyzies ont donné lieu à d'importantes études sur les niveaux moustériens et sur le Paléolithique supérieur qui devraient, à court terme, se concrétiser par une monographie.

Dans ce paysage régional d'études archéologiques qui arrivent en phase de publication, le toilettage scientifique et éditorial de la revue de préhistoire "Paléo" est à souligner. Cet organe de diffusion régulière d'articles scientifiques vient de reconcevoir la maquette de la livraison annuelle de sa 7e année et d'élargir sa palette de publications d'une série de suppléments dont le numéro 1 paru en 1995 concerne les actes du colloque de Miskolc en Hongrie, consacré à la question du Micoquien en Europe centrale et occidentale.

Les recherches régionales sur le Paléolithique vont connaître, à partir de 1996, un tournant historique avec le développement de grands travaux linéaires le long du tracé de l'Autoroute A.89, phénomène sans précédent dans cette région. Le début des recherches de terrain prévu dès le début de l'année va conduire la communauté scientifique régionale dans son ensemble, tous organismes et institutions confondus, à faire face à de nouvelles découvertes dans des secteurs réputés pour leurs ressources telles que les basses vallées de la Dordogne et de l'Isle.

Si le développement de ces travaux doit donner lieu - comme l'on est en droit de s'y attendre - à un accroissement brutal des connaissances sur les périodes préhistoriques, ce sera certainement aussi une période d'intense activité de terrain, de confrontation méthodologique et technique. Face à l'ampleur des travaux et aux contraintes technoéconomiques qui y seront attachées, l'ensemble de la communauté devra être mobilisée pour faire face avec un maximum d'efficacité et de compétence à des choix et à des décisions qui conditionneront sans doute le cours de la recherche archéologique préhistorique dans cette région.

Il en va de même pour le Néolithique qui commence à faire l'objet d'opérations de plus en plus nombreuses. Cette année, la poursuite par Claude Burnez du diagnostic programmé sur le rempart du site de "Gros Bost" à Saint-Méard-de-Dronne a été l'occasion d'observer la formation complexe de cette importante enceinte artenacienne. Dans le même temps, à un kilomètre de là, dans la vallée de la Dronne, un sauvetage préalable à l'aménagement d'une base nautique permettait un décapage extensif de 5 000 m2. Deux grandes cabanes artenaciennes longues d'une soixantaine de mètres sur vingt de large ont ainsi pu être dégagées. L'ossature des charpentes comportait des poteaux pouvant atteindre un mètre de diamètre. Ces habitats constituent une des découvertes majeures de l'année.

La période protohistorique a elle aussi fait l'objet d'opérations importantes. Tout d'abord, la reprise des travaux sur le site de Sarrance en Pyrénées-Atlantiques livre progressivement une stratigraphie qui couvre pour l'instant les périodes Néolithique, Bronze et Fer. La découverte cette année de monnaies Celtibères frappées à Jaca et de céramiques campaniennes confirme l'intérêt historique de ce gisement situé à l'entrée de la vallée d'Aspe, en bordure de !a voie menant à Saragosse.

L'habitat protohistorique s'est enrichi lui de deux nouvelles structures découvertes dans le lac de Sanguinet (Age du Bronze) et sur l'oppidum de la Curade à Périgueux. La structure de Sanguinet est de loin !a plus intéressante scientifiquement. Les eaux du lac ont en effet conservé intacts les planchers et poutrages de bois de cette cabane. Parallèlement, l'équipe de plongeurs qui prospecte ce secteur a identifié plus d'une vingtaine de pirogues monoxyles dont la chronologie couvre l'ensemble de la période protohistorique et gallo-romaine.

Les fouilles en milieu urbain se sont essentiellement concentrées cette année sur les villes de Périgueux, Bordeaux, Bayonne et Lescar.

A Bordeaux, c'est tout un quartier antique organisé autour d'une rue à galerie qui a été mis en évidence. La qualité de conservation des vestiges a permis notamment de dégager des canalisations en chêne servant à alimenter le secteur en eau potable. Installés sous la chaussée, ces ouvrages datés par dendrochronologie entre 158 et 162 après J.-C. avaient été marqués au fer de l'estampille : R.P.B.V. qui atteste du caractère public de ces adductions.

A Périgueux, c'est à l'occasion de trois opérations immobilières que l'on a dégagé les restes d'habitats privés des 1er et IIe siècles tandis qu'à Bayonne, une nouvelle opération le long de la cathédrale livrait des niveaux de la fin du fer siècle après J.-C., confirmant les observations déjà réalisées les années précédentes place Montaut sur l'ancienneté de l'occupation du site de Lapurdum.

Mais un des phénomènes remarquables de la recherche archéologique sur l'Antiquité concerne surtout la reprise d'anciennes opérations, notamment sur les structures rurales d'Andernos (Gironde), Lalonquette (Pyrénées-Atlantiques), Taron (Pyrénées-Atlantiques), Moncrabeau (Lot-et-Garonne) et, nous l'espérons en 1996, Plassac (Gironde) et Loupiac (Gironde). Cette nouvelle attention portée aux grands domaines ruraux aquitains laisse présager un renouveau d'activité avec !a constitution d'équipes pluridisciplinaires comme c'est déjà le cas par exemple à Andernos, Taron et Lalonquette. D'autant plus que de nouvelles découvertes viennent compléter nos connaissances sur le monde rural gallo-romain avec l'étude de sites à Daignac en Gironde et surtout à Eyvirat en Dordogne où une superbe mosaïque de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle a été dégagée à l'occasion de travaux agricoles.

Ces bilans documentaires et archéologiques touchent aussi le haut Moyen Age avec la constitution d'un groupe de travail, au sein d'un projet collectif de recherche interrégional, sur les monuments paléochrétiens d'Aquitaine. Deux sites ont été retenus : l'église Sainte-Quitterie d'Aire-sur-l'Adour et sa crypte et la basilique Saint-Seurin de Bordeaux et ses cryptes. Autour de membres du Service régional de l'Archéologie, des chercheurs tels que Charles Bonnet, pour Bordeaux, et Jean Guyon, pour Aire, ont accepté de prêter leur concours à ces opérations de bilan et de réétude de deux monuments majeurs de la chrétienté régionale. Ces travaux devraient déboucher en 1996 sur de nouvelles interprétations et des propositions de présentation au public plus dignes de ces lieux.

Parallèlement, les fouilles préalables à des travaux d'assainissement ou d'enfouissement de réseaux autour des édifices religieux se sont poursuivies, notamment en Gironde à Bayon, Galgon, le Pian-Médoc et Saint-Caprais-de-Bordeaux. Ces deux derniers sites ont permis de mettre en évidence deux édifices antérieurs à l'église romane, dont un au Pian-Médoc peut être identifiable à un lieu de culte paléochrétien.

La fouille du site de Labrit s'est achevée cette année avec la découverte de la chapelle castrale et !a mise en évidence des différents états de la salle seigneuriale. Le chantier étant provisoirement clos, une étude d'aménagement du site est en cours par l'architecte en chef des Monuments historiques. Elle devrait être réalisée en 1996 et venir ainsi compléter la petite salle d'exposition réalisée par la commune. Parallèlement, la publication de la fouille est prévue pour 1997 avant une reprise éventuelle des travaux.

Enfin, le monde artisanal médiéval et moderne n'a fait l'objet que de deux opérations en 1995, toutes deux localisées dans les Pyrénées-Atlantiques. La première concerne des fours de tuiliers du XVIIIe siècle à Viellesegure, la seconde la fouille d'un atelier de potier sur fa commune de Bouillon. Ce dernier travail, qui s'inscrit dans le cadre d'une thèse universitaire, devrait lui aussi s'achever en 1995 et fournir !à les bases d'une excellente publication. Si l'on ajoute à celle-ci, une thèse en cours d'achèvement sur la céramique médiévale à Bordeaux du Xe au XVe siècles, les publications prévues sur les chantiers d'Auberoche (Dordogne), Labrit (Landes) et Bordeaux (Place Camille Jullian) ainsi qu'un volume regroupant cinq ans d'intervention sur les églises de Dordogne, l'année 1996 et le début 1997 devraient être fertiles en achèvements de manuscrits et en parutions sur l'époque médiévale.

Les orientations que l'on perçoit à travers ce bilan 1995 montrent une forte tendance à un progressif rééquilibrage entre toutes les périodes. Avec l'apparition de quatre importantes opérations, le Néolithique et la Protohistoire s'affirment tandis que les fouilles urbaines semblent marquer le pas avec l'achèvement des travaux de la cité judiciaire à Bordeaux et des grandes opérations de construction de logements à Périgueux.

Trois grandes fouilles se sont achevées en 1995, deux en Paléolithique (La Micoque et Combe Saunière) et une en Moyen Age (Labrit). Si les projets impulsés par l'UMR 99.33 ne manquent pas pour la Préhistoire, le Moyen Age devrait être pour quelque temps absent des programmations régionales. II est regrettable que la dynamique créée par les fouilles programmées menées par Y. Laborie à Auberoche (Dordogne) puis à Labrit (Landes) n'eût pas été soutenue par un investissement universitaire plus important.

Il ne reste qu'à espérer que les projets développés à l'Université de Toulouse sur le monde villageois médiéval des Pyrénées viennent pallier cette absence.


Carte Archéologique nationale (de Xavier CHARPENTIER)

En 1995, la cellule Carte Archéologique travaillant au sein du Service régional de l'Archéologie d'Aquitaine était constituée de quatre agents contractuels de l'AFAN : Sylvie Frêches, Daniel Frugier, Marie-Christine Gineste et Martine Ségouin. Les orientations de travail définies cette année découlent des constats établis l'année précédente, la majorité des informations saisies dans la base Dracar ne permettent pas d'assurer la mise en place d'une politique cohérente de protection des sites.

Désormais, l'ensemble des activités de la cellule vise principalement à fournir aux agents du SRA un fond documentaire permettant un traitement plus aisé des tâches de gestion des sites.

L'accent a été mis sur la poursuite de la restructuration du fond des dossiers communaux. Tout en réorganisant ce fond, les membres de la cellule ont ouvert 680 nouveaux dossiers dont la présentation a été normalisée, ce fond ne constituant plus qu'un éventuel élément d'orientation vers d'autres sources lorsqu'il s'agit d'entreprendre une recherche scientifique. L'année 1995 a vu la fin du reclassement; reste à compléter de nombreux dossiers dépourvus de pièces fondamentales, notamment d'extraits cadastraux.

Une autre tâche prioritaire a consisté à dépouiller le passif des rapports de fouilles et de prospections. II est à noter que la mise en place du cahier des charges des DFS permet des saisies plus aisées et a largement contribué à éviter que ne soient pris des retards dans les dépouillements des rapports de 1995. Cette activité a permis la création de 367 nouveaux sites ou indices de sites et 525 mises à jour.

Une réflexion a été conduite sur le bien fondé d'une utilisation à outrance d'éditions de documents cartographiques via Scala; plus de 100 cartes ont été réalisées en 1995. La nécessité, purement administrative, d'avoir un report des sites sur les fonds cadastraux doit se traduire par un notable ralentissement des sorties Scala.

Un nouveau programme a été inauguré cette année. Il vise, par le dépouillement des bulletins des sociétés savantes régionales, disponibles au sein de la DRAC, à établir une base des articles ou simples mentions faites à propos de sites connus ou non. S'inscrivant dans le cadre de la définition de la mission principale de la cellule, cette base ne présentera pas un caractère scientifique. Plus qu'une prospection documentaire cette activité doit fournir des informations permettant de motiver les avis pris par les préfets lors de l'établissement de périmètres présentant un intérêt archéologique ou de prescriptions particulières dans l'instruction des demandes soumises à autorisations au titre du Code de l'Urbanisme. En 1995, le dépouillement de 15 des 23 revues en toute ou partie disponibles au SRA a été commencé. Plus de 6 000 fiches ont été réalisées, nombreuses sont celles portant sur un même site mais on peut déjà estimer qu'au moins une centaine de sites ou indices de sites non enregistrés a été relevée. Leur saisie dans la base Dracar pourra débuter en 1996 et devra faire l'objet de vérifications sur le terrain.

Le programme 1996 consiste à poursuivre le récolement de la documentation, c'est-à-dire, pour l'essentiel, la collecte des cadastres permettant le report des sites sur des documents faisant foi et des informations issues des revues disponibles à la DRAC. Les vérifications sur le terrain restent à l'ordre du jour et sont à harmoniser avec les prospections de l'année.


Diffusion et médiation de la recherche archéologique en Aquitaine (de Dany BARRAUD et Jean-Paul LHOMME)

Depuis quelques années, le Service régional de l'Archéologie s'est engagé dans une politique volontariste de valorisation et de promotion du patrimoine archéologique aquitain. En association avec des partenaires publics ou privés, le service a participé activement à des manifestations ponctuelles comme l'Aventure Seiko (éditions 1993 et 1994), la Science en Fête, les Journées du Patrimoine, le festival du film archéologique de Bordeaux (ICRONOS) pour ne citer que celles-là.

Parallèlement à ces manifestations et à l'initiative de la Direction régionale des Affaires Culturelles, le service s'est engagé depuis deux ans sur la réflexion et la mise en place de Centres éducatifs du Patrimoine à l'échelon régional. Ces centres ont pour but de sensibiliser et d'initier le public (prioritairement scolaire) au patrimoine le plus large possible. Ce vaste programme est élaboré avec l'ensemble des partenaires que sont les collectivités territoriales, l'Education Nationale, le Ministère de la Recherche, les services du Patrimoine, les musées de France, les acteurs locaux... II doit permettre d'aboutir à court terme à la mise en réseau de différents lieux-ressources complémentaires les uns des autres : des sites, des musées, des associations relais, des centres archéologiques (lieux où sont gérées et étudiées des collections issues des fouilles avant leur dévolution dans des musées contrôlés). Le Service régional de l'Archéologie développe sa mission autour de la création et du fonctionnement des centres archéologiques départementaux qui doivent être, par rapport au réseau, le point de départ des parcours de découverte du patrimoine. En effet, ces centres archéologiques qui disposeront à la fois d'une unité de recherche et d'un espace animation, axeront l'initiation autour des méthodes et des disciplines liées à l'archéologie. Chaque centre départemental développera un thème majeur en fonction du potentiel de sites le plus représentatif.

Actuellement, cinq centres thématiques sont inscrits dans ce programme régional.

La mise en place des actions pédagogiques, menées dans les centres archéologiques, s'accompagnera d'une formation préalable des enseignants pour que ces derniers élaborent au mieux, avec leurs classes, des projets pédagogiques. Si le milieu scolaire est prioritaire dans ce programme, l'évolution des animations à destination d'un public extra-scolaire est à l'étude. De la même manière, l'ouverture d'un tel réseau pour les pays européens va être envisagée.


Séminaires d'archéologie (de Frédéric BERTHAULT)

Le Service régional de l'Archéologie organise conjointement avec l'Institut de Recherche sur l'Antiquité et le Moyen Age (Maison de l'Archéologie, Université de Bordeaux III) une série de six séminaires par an. Cette série de séminaires est complétée tous les deux ans par une table-ronde qui fait le point sur une question d'actualités archéologiques de l'Aquitaine.

En 1994-1995 !es sujets ont porté sur :

La table-ronde qui s'est tenue en juin 1995 avait pour thème "Les sanctuaires aquitains : recherches récentes". A la suite de la publication du colloque d'Argentomagus et des nouvelles perspectives ouvertes par celui-ci, il a été traité, après une introduction (Ch. Delplace) sur les sanctuaires de "type Belge" par comparaison, des indices religieux en Aquitaine (R. Boudet), des sanctuaires de Calès à Mézin (Lot-et-Garonne) (N. de Chaisemartin, Y. Marcadal), du temple octogonal de Sanxay (Vienne) (P. Aupert), du sanctuaire d'Antigny (Vienne) (Ch. Richard), du temple 3 d'Argentomagus (E. Henry), du rôle de l'eau dans l'environnement religieux (B. Grangé) et des sanctuaires pyrénéens (J.-L. Schenk). Une publication de cette table-ronde est prévue pour 1996.


Introduction