Arisitum

L'ARCHEOLOGIE EN BOURGOGNE (1993)
BILAN ET RESULTATS

(Côte-d'Or, Niévre, Saône-et-Loire, Yonne)


Source: "Bilan Scientifique 1993", Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne, Service Régional de l'Archéologie, 1995, pages 9 à 16.


Préface (de Pascal DUHAMEL, Conservateur régional de l'archéologie)

La parution tardive de ce bilan pour 1993 ne reflète aucune réticence de la part du Service régional de l'archéologie. Diverses difficultés d'organisation administrative en sont la seule cause. Devenu entre-temps Conservateur régional de l'archéologie de Bourgogne, je mesure mieux le rôle et la nécessité de cette publication régulière, même si le caractère un peu emphatique de son titre me semble devoir être tempéré.

Sans nul doute, de telles pages constituent un bilan: elles ont imposé un recensement des opérations de recherche suivi d'une synthèse initiale et brève de leurs principaux résultats. Le caractère scientifique de la démarche s'affirme ensuite : il réside essentiellement dans la mise à disposition rapide des informations et du fruit des investigations, démarche nécessaire au progrès des connaissances.

Il m'appartient toutefois de mettre en garde à la fois les auteurs responsables d'opérations, et les chercheurs amenés à dépouiller les données du présent bilan.

Aux uns, je rappellerais que les présentes notices ne sauraient qu'exceptionnellement se substituer à la véritable publication qui doit, après étude, solder le terme de leurs recherches. J'attirerais l'attention des autres sur le caractère essentiellement signalétique de ces notices qui sont rédigées "à chaud"; sans le recul nécessaire à une réflexion approfondie et à une mise en perspective des découvertes.

Dans les deux cas, il importe donc d'utiliser cet instrument à bon escient, comme un outil d'information et d'orientation primaire mais de plus en plus indispensable dans le processus de la recherche.

Comme dans les autres régions, la recherche archéologique en Bourgogne subit depuis une dizaine d'années une mutation. Une prise en compte du Patrimoine maintenant bien réglementée et mise en oeuvre a suscité une archéologie préventive dont les apports s'avèrent essentiels.

Les programmes de recherches - projets collectifs, fouilles ou prospections thématiques - rassemblent de mieux en mieux les chercheurs autour de thèmes majeurs. Des équipes plus cohérentes et coordonnées conduisent des opérations de prospection-inventaire qui "alimentent" la carte archéologique et esquissent une approche évolutive des terroirs.

Ce recentrage autour d'objectifs, cette nécessaire tendance au travail d'équipe et à la pluridisciplinarité, l'indispensable concentration des efforts et des moyens sur des priorités, une publication rapide des travaux : ces ambitions ne se réalisent guère sans difficultés. Elles représentent des enjeux qui, désormais, devront s'accompagner d'une meilleure restitution à la collectivité de l'histoire de ses origines.


Bilan et orientations de la recherche archéologique (de Claude MORDANT, Conservateur Régional)

Moyens et équipes mises en oeuvre

Cette année a vu la mise en place effective de l'U.M.R. 9934 consacrée à la Protohistoire régionale, la poursuite du travail des équipes structurées du Mont Beuvray, d'Alésia.

Un Centre d'Etudes médiévales est en cours de montage à Auxerre en relation avec la Ville d'Auxerre et le Conseil Régional, il sera plutôt tourné vers le Haut Moyen-Age et se trouve structurellement lié au G.D.R. Bourgogne du CNRS récemment créé et aux chercheurs déjà regroupés autour de C. Sapin.

La mise en place en fin d'année 93 d'une convention multipartite pour les sauvetages archéologiques dans les gravières de l'Yonne (Entreprises d'extraction - Conseil Général - Conseil Régional - Etat) devrait permettre de coordonner ces opérations et maintenir une équipe sur ce secteur.

Malgré cette tendance favorable, les chercheurs, les "porteurs de projet", demeurent insuffisamment nombreux et les équipes d'intervention composées de contractuels "mobiles" restent fragiles.

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Résultats 1993

Recherches

Observations générales :

La comparaison des tableaux généraux des interventions pour 1992 et 1993 met en évidence une stabilité de l'activité sur ces deux années. Cependant, si l'effectif se maintient autour de 150, le budget global consacré à l'archéologie régionale (tous financements confondus) accuse un net tassement. Cette conjoncture est due en partie à l'absence de grands aménagements (autoroute A5 achevée) mais aussi à un ralentissement certain de l'activité économique générale.

Les opérations archéologiques importantes en terme budgétaire sont faites en contexte M.H. comme à Cluny ou à Auxerre, mais aussi avec des financements lourds (Ministère de la Culture - Sous-Direction de l'Archéologie) comme à Autun pour le sauvetage du quartier artisanal gallo-romain du Lycée militaire. Il convient de noter que pour la première fois un sauvetage dans Sens méme, capitale de cité des Sénons a porté sur une surface de plus de 4000 m2 avec un budget de l'ordre de 1,5 M.F. Il reste que l'essentiel de l'activité en archéologie préventive a porté sur des diagnostics et de "petites"opérations.

Poursuite d'une active politique d'inventaire archéologique :

La prospection aérienne reste une activité très suivie mais il devient urgent d'amplifier les programmes d'exploitation thématiques des données accumulées depuis trois à quatre décennies (à l'image de l'inventaire sur les agglomérations secondaires gallo-romaines de Côte-d'Or ou des enceintes néolithiques de l'Yonne).

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Promotion et diffusion des résultats

Journées d'études, tables rondes et colloques :

Le programme 93 a été fourni et diversifié :

Publications :

En ce domaine, il convient de noter le travail obstiné consacré à la mise en oeuvre des fascicules D.A.F. relatifs aux sauvetages sur le tracé de l'Autoroute A5: trois volumes sont déjà prêts et sélectionnés par les Comités régional et national, les autres fascicules (de l'ordre de 5 à 7) suivront en 94-95.

Le Service a fait paraitre par ailleurs un numéro des "Cahiers archéologiques de Bourgogne" consacré au Moyen-Age et le second "Bilan scientifique".

La synthèse magistrale réalisée par C. Goudineau et C. Peyre sur Bibracte doit être particulièrement saluée.

Des manuscrits ont été travaillés: Les aggomérations gallo-romaines secondaires de Côte-d'Or (J. Bénard), la nécropole gallo-romaine de la Citadelle à Chalon-sur-Saône (M. Feugère), le sanctuaire des Sources de la Seine (S. Deyts), les actes du colloque néolithique de Dijon 1991 (P. Duhamel) ...

Exposition :

Une exposition temporaire à Dijon a présenté durant l'été, les premiers résultats des fouilles des vestiges gallo-romains retrouvés à l'occasion de la construction du parking Sainte-Anne.

Sur le plan de la promotion des résultats, 1993 représente une année active mais la publication reste encore trop modeste par rapport aux travaux de terrains réalisés. La question des supports d'édition et des budgets nécessaires se pose par ailleurs méme si la R.A.E. et ses suppléments constituent des outils remarquables.

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Protection et réserves archéologiques

Cinq sites ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques (Autun Camp Néolithique, Alise-Sainte-Reine Plaine des Laumes, Arcy-sur-Cure grotte préhistorique, Escolives-Sainte-Camille, Mâlain "La Boussière").

La mise en place d'une réserve archéologique sur l'officine de potiers gallo-romaine de Jaulges (Yonne) touche à sa fin, la procédure a été particulièrement longue et complexe mais une surface de 5 hectare 50 est maintenant préservée pour l'avenir et sera mise en prairie.

Une première parcelle sur l'oppidum de Vix est en cours d'acquisition par la Société archéologique de Châtillon, une procédure plus ambitieuse faisant intervenir la SAFER et les collectivités territoriales proches est envisagée.

Les dernières grandes nécropoles tumulaires protohistoriques de la vallée de la Saône en Tournugeois sont menacées par les remises en labour de la basse plaine jusqu'à lors en prairie, des projets d'acquisition avec le département de la Saône-et-Loire sont lancés.

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Perpectives 1994

La recherche programmée :

Elle ne sera pas fondamentalement modifiée en 1994: le programme sur Bibracte se poursuivra (deuxième année du programme triennal) comme celui d'Alésia (dernière année de triennale), les prospections thématiques continueront mais il faut noter l'arrivée de projets nouveaux sur le Premier Age du Fer en Val de Saône (Chalonnais), la réactivation de recherches thématiques sur la céramique gallo-romaine, l'hydraulique monastique ou l'apparition d'un programme ambitieux sur la faïence.

La question de projets interrégionaux sera débattue avec les propositions de travail sur le silex ou l'inventaire des gisements potentiels paléolithiques mais aussi les thèmes de recherches sur les abbayes ou la faïence.

Les grands travaux linéaires :

Les sauvetages préalables sur le tracé de l'autoroute A39 vont démarrer en 1994. Ils concerneront pour l'essentiel les régions de Franche-Comté et Rhône-Alpes mais la Bresse bourguignonne est touchée et ce secteur est particulièrement mal connu.

Les travaux de l'autoroute A160 Sens-Courtenay vont débuter cet été et compte tenu du calendrier très serré pour la réalisation de ce barreau de 30 km, les interventions archéologiques devront se dérouler pour l'essentiel en 94 alors que les diagnostics préalables n'ont pas encore débuté à ce jour. Le tracé concerne des régions peu connues du plateau du Gâtinais mais un potentiel existe à l'évidence en gisements paléolithiques, en domaines gallo-romains, en ferriers.

Archéologie en gravières :

La convention pour la vallée de l'Yonne entrera en phase active à compter de mars-avril avec une équipe permanente de deux à trois personnes basée à Passy, aidée au coup par coup par des effectifs renforcés sur les sites menacés les plus importants.

L'enjeu pour cette année est grand car selon les résultats obtenus, il sera possible de proposer aux professionnels une méthodologie comparable dans les trois autres départements bourguignons où la situation est parfois difficile (cas de la Côte-d'Or en particulier).

Une reprise d'activité économique attendue pour le dernier trimestre 94 et la proximité de l'A160 suggère une accélération des interventions en fin de cette année sur l'Yonne.

Archéologie urbaine :

La pression des aménageurs est assez modérée en ce moment dans ce domaine mais les conséquences de la relance de divers programmes sociaux sont perceptibles.

La ville de Sens, proche de Paris est aussi plus sensible. Il convient de faire une synthèse sur cette capitale de cité où de nombreuses opérations conduites ces dernières années n'ont pas toujours bénéficié de moyens importants. Une mise en perspective de l'ensemble des données recueillies permettrait de mieux appréhender la réalité archéologique de cette ville mais aussi de mieux gérer les opérations préventives à venir. Un projet de convention sur ce thème avec la ville de Sens est en cours de montage.

Un programme important d'aménagement urbain à Auxerre, échelonné sur plusieurs années, doit toucher les vestiges de la ville gallo-romaine mieux connue depuis le sauvetage dans le quartier Vaulabelle.

Les restructurations des anciennes prisons au centre ville de Chalon et Mâcon entraineront d'importantes opérations archéologiques si ces projets aboutissent.

Un essai méthodologique sur la cartographie archéologique urbaine est mené sur la ville de Sens par H. Deck dans le cadre d'un stage DESS en relation avec l'équipe "carte archéologique régionale".

Archéologie et Monuments historiques :

Les recherches en milieu abbatial se maintiendront. L'intervention la plus lourde pour 1994 devrait être celle menée sur le prieuré clunisien de La-Charité-sur-Loire (Nièvre). Elle permettra l'achèvement des reconnaissances sur l'église Saint-Laurent et l'étude des relations de cet édifice avec la salle capitulaire.

Les recherches à Saint-Germain d'Auxerre concerneront les cryptes uniquement; il conviendra de profiter de cette pause pour programmer les indispensables travaux à venir sur l'avant-nef dont il convient d'achever l'étude.

Le travail à Cluny portera sur des secteurs hors de l'abbatiale soumis à des travaux urbains.

Il faut rappeler aussi le nombre important d'interventions dans les églises rurales et urbaines à l'occasion de reprises en sous-oeuvre, de drainage, de chauffage.

Archéologie rurale :

Elle apparaît à l'évidence comme le parent pauvre par défaut de projets et/ou de financements. Il faut cependant noter la relance d'une fouille sur les ateliers de céramique gallo-romaine de Domecy-sur-Cure (Yonne) et l'achèvement du sauvetage exemplaire à plus d'un titre du fanum de Ménestreau (Nièvre).

Promotion des résultats :

Un cycle diversifié de journées d'études et de colloques est d'ores et déjà programmé: Colloque interrégional sur "Les nécropoles prohistoriques du bassin de l'Yonne", Sens 13-15 oct. 94

Journées d'études sur:

Une grande exposition sur les résultats de l'autoroute A5 s'ouvrira au musée de Sens en Juillet; elle sera montée ensuite au musée de Troyes. Cette manifestation est organisée en étroite collaboration avec les conservateurs de Sens et Troyes ainsi qu'avec la S.A.P.R.R.

Des classes du Patrimoine "Archéologie" pourront maintenant être prévues dans l'Yonne au château de Passy grâce au détachement de J.-P. Delor archéologue et enseignant.

Des classes semblables sont régulièrement organisées depuis de nombreuses années dans le cadre de la Maison du Patrimoine de Saint-Romain (Côte d'Or) et du Mont-Beuvray.

La campagne 1994 ne propose pas de renouvellement radical des programmations, elle ne profitera pas non plus de moyens beaucoup plus importants. Il faut se féliciter de la mise en place de projets contractuels comme la convention "gravières de l'Yonne", carte archéologique de la Nièvre (2e tranche) ou celle en cours de montage sur Sens qui associent aménageurs et collectivités.

Il reste très difficile de monter des opérations avec des budgets croisés avec les départements ou la Région. Cette contrainte bride en particulier toutes les recherches programmées qui devraient profiter de tels types de montage. Il est sûr que c'est dans ce domaine qu'il convient de poursuivre les efforts afin de dégager les moyens indispensables au développement de nouveaux programmes (sur l'Age du Bronze, le Néolithique, le Paléolithique en particulier), les bilans et synthèses sur toutes les périodes.

Le nombre des chercheurs disponibles pour mener ces synthèses reste limité. La mise en place à l'AFAN des contrats à durée indéterminée conduit inéluctablement au renforcement du détournement des jeunes chercheurs vers les grands chantiers et l'absence de vrai budget pour la recherche programmée empêche la nécessaire salarisation des archéologues intéressés par ces thèmes de recherche.

Il devient impératif de trouver des solutions, de monter d'ambitieux projets (des contrats d'études ?) permettant cette mise en perspective régionale, interrégionale voire nationale et internationale des résultats issus de la recherche archéologique programmée et des opérations d'archéologie préventive.

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Carte archéologique régionale (de M. DESTI)

Après réalisation de la fusion des documentations issues des anciennes Directions des Antiquités Préhistoriques et Historiques, il subsiste encore certains retards à résorber dans le classement et la mise en ordre de celles-ci et de nombreuses vérifications à entreprendre, notamment sur le terrain.

Le Service Régional de l'Archéologie de Bourgogne préfère avoir recours à l'utilisation d'un fichage informatique local s'accompagnant d'un transfert de données vers la base nationale DRACAR qui est plus utilisée pour répondre aux besoins du service central que pour satisfaire à des nécessités locales. Toutefois dans un soucis de respect des directives un fichage minimal a été entrepris sur DRACAR en automne: 500 fiches ont été saisies. Les bases de données locales sur les gisements archéologiques sont réalisées par département et stockées sur un serveur Macintosh couplées aux fichiers de bibliographie-bibliothèque, d'opérations et des intervenants. S'il ne nous parait guère possible d'abandonner ce système local celui-ci sera par contre mieux mis en conformité dans sa structure et ses normes de vocabulaire avec DRACAR.

La mise à disposition du logiciel de cartographie SCALA s'est faite durant l'année 1993, mais il fut mis en oeuvre durant un temps restreint. Pourtant il parait être un instrument intéressant. Ses applications ont été testées sur des travaux spécifiques assez élaborés et non sur de simples cartes de répartition ou de localisation. Le logiciel parait être exploitable pour la gestion de données en milieu urbain, expérience qui a été développée durant quelques mois par un stagiaire D.E.S.S.

Les moyens disponibles en 1993 se sont vus réduits à ceux seuls mis en place par l'Etat (12 mois de chargé d'étude, 18 mois de technicien de traitement de données et 50.000 F de fonctionnement). Anne Charmot, Fabienne Creuzenet, Serge Doiteau, Myriam Fresne, Michèle Hamblin et Etienne Renard ont bénéficé de contrats dans le cadre de l'inventaire informatisé. Des négociations engagées dans l'Yonne avec le Conseil Général ont débouché sur une participation restreinte du département dans le cadre du plan "Archéologie et gravières". Bien que cette participation ne porte pas sur la carte archéologique, les diagnostics préalables réalisés par l'équipe archéologique améliorent nos connaissances touchant au patrimoine archéologique de la vallée de l'Yonne. C'est un doublement de la prise en compte de l'information qui a pu être réalisé en un an: 9.000 gisements fichés en juin 1992, 18.500 en juin 1993.

Les distorsions entre départements ont été nettement limitées, mais la récupération de très nombreuses données locales (collections et musées, bibliographie et archives) reste à entreprendre. 520 dossiers ont été instruits durant l'année par les membres du service qui, pour chacun d'entre eux, ont eu recours aux dossiers communaux classés et mis en ordre par les membres de la cellule carte archéologique. Cette consultation est indispensable pour la prise en compte du risque archéologique dans le cadre de l'instruction des dossiers d'urbanisme relatifs à des projets devant toucher ou bouleverser le sous-sol. La Saône et Loire et l'Yonne sont les départements qui ont généré le plus de dossiers: 219 pour le premier et 143 pour le second.


Résultats scientifiques significatifs

A la "Grande Grotte" d'Arcy-sur-Cure (Yonne) les techniques traditionnelles mises en oeuvre pour le relevé des peintures du Paléolithique supérieur ont été complétées par de nouvelles approches: photogrammétrie, enregistrement numérique, photographies grand format. 21 nouvelles figures ont été identifiées, principalement des mammouths, mais également des représentations animales plus rares: félin, ours et oiseau. De nouveaux sondages ont confirmé l'existence du niveau de circulation paléolithique, mais surtout montré une fréquentation gallo-romaine de la grotte. Cette présence gallo-romaine a été relevée vers l'entrée, mais aussi au plus profond, dans la salle des Vagues (monnaies et épingle incluses dans le plancher stalagmitique).

Un village comportant plusieurs bâtiments de plan naviforme a été étudié à Gurgy (Yonne) en contexte Villeneuve-Saint-Germain évolué. Rares et mal datées en France, de telles maisons, qui sont attestées en domaine Rössen, fournissent de nouveaux jalons sur l'évolution de l'architecture à l'aube du Néolithique moyen. La poursuite des recherches sur les architectures collectives de cette période a par ailleurs bénéficié de plusieurs découvertes: nouvelles enceintes hors vallée de l'Yonne et sur les plateaux, probable corrélation territoriale entre nécropoles monumentales de type Passy et enceintes, fouille de dispositifs palissés en arrière de monuments funéraires à Passy (Yonne). De nouvelles perspectives sur la nature des habitats au Cerny ont enfin été offertes par l'étude des nappes de matériel retrouvés à Gisy-les-Nobles (Yonne) qui témoignent par ailleurs d'influences Rössen.

Le Trou du Diable à Malain (Côte-d'Or) avait surtout montré une fréquentation au Bronze final. A ces indices, souvent remaniés par l'occupation médiévale, sont venus s'ajouter des niveaux d'habitat avec foyers néolithiques (Néolithique moyen I de tradition Rössen et N.M.B.). La prospection thématique des sites néolithiques du Tournugeois a mis en évidence une présence N.M.B. en rive gauche de la Saône, où étaient jusque là exclusivement connues des occupations du Néolithique final.

Un site d'habitat de rebord de plateau, présentant des structures défensives (murées) et attribuable au Hallstatt par la céramique recueillie, a été reconnu à Clamecy (Nièvre).

Les travaux de la déviation autoroutière de Nevers (Nièvre) ont découvert des vestiges d'habitats de la même époque totalement inédits. Des fragments de moules et du matériel métallique y ont été recueillis, ils attestent de la pratique ponctuelle, en milieu rural, d'un artisanat du métal.

La poursuite de la fouille de l'enclos quadrangulaire de Vix confirme la fonction cultuelle de cette structure, contemporaine de la sépulture princière voisine, et volontairement détruite vers le milieu du Ve siècle avant J.-C.

Au Beuvray, la fouille de la nécropole de la Croix-du-Rebout montre une grande concentration d'enclos (40 repérés à ce jour), dont la richesse en mobilier funéraire, très variable, est sans doute l'indice d'appartenances sociales très diverses des défunts.

A la Pature-du-Couvent, les données sur les niveaux anciens (fin IIe, début Ier avant J.-C.) ont été notablement complétées, avec plusieurs phases de bâtiments sur poteaux porteurs, caves à armatures de bois, sols, nombreuses traces de métallurgie.

Au Parc-aux-Chevaux, la maison PC1 confirme son intéressant calage chronologique: premiers indices dès le deuxième quart du Ier siècle avant J.-C. (en même temps que l'édification du murus gallicus ou que l'atelier métallurgique de la Porte-du-Rebout) et disparition vers 30 après J.-C.

L'enceinte de la Terrasse, enfin, a montré l'existence d'une palissade de planches horizontales qui aurait brûlé et se serait effondrée vers l'intérieur. Cette découverte sera sans doute d'une importance majeure pour la dendrochronologie régionale. Le site lui-méme s'agrandit, puisque la présence d'une fortification extérieure au rempart Bulliot est maintenant reconnue sur la majorité du pourtour de l'oppidum. L'observation des zones de contact entre les deux systèmes semble indiquer une nette antériorité de la fortification extérieure par rapport au murus gallicus.

A Alésia (Alise-Sainte-Reine, Côte-d'Or), la campagne 1993 a confirmé l'existence de la circonvallation dans la plaine de Grésigny. Dans la plaine des Laumes, l'existence de l'agger a été non plus déduite, mais repérée concrètement (base formée d'un léger empierrement avec traces possibles d'éléments de bois longitudinaux). Une seule tour a été mise en évidence, tandis qu'à faible distance, une série de 7 tours défendant la contrevallation ont été mises au jour. Espacées de 15 m, elles montrent des poteaux arrières mieux ancrés dans le substrat que les poteaux avants engagés dans l'agger. Comme pour la circonvallation, il se confirme que le fossé proche de l'agger était ouvert. Des observations complémentaires ont pu être faites sur les défenses intermédiaires; une fortification interne, perpendiculaire à la contrevallation (camp ou système défensif complémentaire) a ainsi été repérée.

Dans la plaine de Grésigny, l'étude détaillée de sections de fossés vidés par Napoléon III a permis, dans des lambeaux de remplissage originel conservés et dans le remblaiement du XIXe siècle, de fournir des éléments confirmant la localisation des fameuses trouvailles d'armes et d'ossements de chevaux.

Les recherches sur le murus gallicus à La Croix-Saint-Charles continuent de montrer l'extrême complexité des diverses constructions qui ont concerné cet accès à l'oppidum, tant postérieures qu'antérieures.

Cette année a vu se poursuivre la fouille du quartier artisanal du lycée militaire d'Autun (Saône-et-Loire). Elle a permis de mieux comprendre l'organisation des ateliers, de repérer des vestiges de locaux d'habitation, de préciser l'évolution du cadre architectural et les relations entre l'urbanisme et le rempart.

Outre une abondante documentation sur la totalité d'un canton, une prospection thématique a mis en évidence la présence probable d'un amphithéâtre jusque là inconnu sur la commune de Pierre-de-Bresse (Saône-et-Loire).

Les peintures murales issues du site de Vaulabelle à Auxerre (Yonne) ont été étudiées. L'une des plus intéressantes représente une course de char sous la forme d'une frise panoramique fragmentée en tableaux enchassés entre des panneaux de faux marbre.

A Menestreau (Nièvre), un décapage extensif a montré la présence de nouvelles structures dans l'environnement immédiat du fanum: structures excavées protohistoriques, cella d'un petit fanum antérieur du Ier siècle après J.-C., constructions légères maçonnées ouvertes vers le temple (préaux ?, appentis ?), grand bâtiment rectangulaire avec béton de sol, péribole. Ces nouvelles données permettent d'avoir une vision très complète du fonctionnement de ce sanctuaire rural et de son évolution dans le temps.

Dans la Saône, l'étude du gué de la Casaque (Saône-et-Loire) a révélé une structure complexe: croisement de deux gués avec une partie centrale commune. L'essentiel de la structure semble gallo-romain, et la position des objets métalliques recueillis suggère l'existence de dépôts intentionnels (rites de fondation ?).

A Sens (Yonne), des fouilles de sauvetage urbaines de grande surface permettent pour la première fois d'appréhender les faubourgs Sud de l'agglomération antique et d'y caractériser l'occupation du sol (habitats, ateliers, etc.).

A La Charité-sur-Loire (Nièvre) les fouilles liées aux travaux Monuments Historiques ont mis l'accent sur un dispositif fréquent, de tradition clunisienne: une petite église (ici dédiée à Saint-Laurent), accolée au chevet de l'église principale.

Le travail sur la crypte de l'Abbaye Saint-Germain d'Auxerre (Yonne) complète de mieux en mieux notre vision du programme carolingien, grâce à une analyse très fine de l'architecture (relevé des dallages, des enduits et mosaïques, analyse des couches picturales). L'étude du cloître de la même abbaye montre durant tout le haut Moyen-Age une relation très étroite entre la fonction funéraire de l'espace et les fonctions traditionnelles du cloître monastique: circulation, échanges, rencontre, liturgie.

La fouille du bras Sud du grand transept a dégagé les fondations et niveaux de construction de Cluny III (Saône-et-Loire). Par ailleurs, deux structures appartenant vraissemblablement à l'état Cluny II ont été mises au jour, ainsi qu'un niveau d'occupation et un four à chaux contemporains ou antérieurs à l'époque carolingienne. L'étude détaillée des élévations améliore notre connaissance du chantier de construction de la grande abbatiale: taille de pierre, appareil, mortier, techniques de construction, etc., tandis que l'étude des enduits fait apparaître les états successifs du revêtement de l'église.

A Perrigny-les-Dijon (Côte-d'Or) les restes d'un château médiéval (XVe au XVIIIe siècle) ont été mis au jour lors des travaux de construction d'un lotissement. Une base de tour circulaire du XIVe siècle a été dégagée. Les observations effectuées complètent, mais aussi parfois infirment, les données issues des archives.

Une partie des résultats exposés ci-dessus provient des opérations de prospection inventaire, toujours abondantes en Bourgogne, ainsi que des prospections thématiques qui ne cessent de se développer (mégalithes, sites néolithiques, mottes féodales, sites médiévaux).

Les conditions climatiques de 1993 ont été particulièrement favorables à la photographie aérienne, tant en vallée (enceintes néolithiques, nécropoles protohistoriques) que sur les plateaux (parcellaires antiques, mottes féodales).


Introduction