Arisitum

L'ARCHEOLOGIE EN BOURGOGNE (1994)
BILAN ET RESULTATS

(Côte-d'Or, Niévre, Saône-et-Loire, Yonne)


Source: "Bilan Scientifique 1994", Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne, Service Régional de l'Archéologie, 1996, pages 7 à 12.


Bilan et orientations de la recherche archéologique (de Yves PAUTRAT et Mars DESTI)

Recherche

Les 162 opérations autorisées en 1994 représentent une augmentation de 5% par rapport à 1993. Cette augmentation est surtout sensible dans le cadre des projets collectifs de recherche, les sauvetages (+7%) et surtout les opérations d'évaluation (+11%), tandis que le nombre des autres types d'autorisations reste égal (fouilles programmées) ou régressent (prospections diachroniques ou thématiques).

La répartition géographique de ces opérations est très inégale pour des raisons souvent liées à l'activité économique. Le département de Saône-et-Loire apparait comme "privilégié"; il convient également de mentionner, par rapport à 1993, le démarrage d'une opération "grands travaux": les diagnostics lourds de l'autoroute A160 entre Sens et Courtenay, à partir du 18 avril. Une stratégie originale de sondages systématiques a été définie pour cet itinéraire qui n'a cependant pas donné tous les résultats escomptés.

La relative stagnation du nombre des opérations programmées, le malaise de certains bénévoles devant la multiplication des opérations de diagnostic ou de sauvetage confiées à des archéologues contractuels, la nécessité de redéfinir un certain nombre de priorités, ont conduit le service à proposer une concertation avec ses principaux partenaires.

Cette réflexion collective a été initiée dans l'Yonne le 5 novembre en présence d'une soixantaine d'archéologues, bénévoles ou professionnels. Dans le même ordre d'idée, une réunion a rassemblé, le 7 octobre, les chercheurs impliqués dans les recherches en cours à Arcy-sur-Cure (89) afin de dresser le bilan des publications et de ces recherches afin d'envisager la programmation des travaux futurs. D'autres exemples de réunions analogues pourraient étre cités. Ils soulignent le souci de faire évoluer la recherche archéologique dans le respect de ses différents intervenants. Cette synergie achoppe quelquefois sur des écueils, particulièrement en Côte-d'Or, où les (bonnes) volontés ne sont pas toujours "en phase".

Le groupe d'experts, jusque là rassemblé sous le nom de Commission Inter-régionale de l'Archéologie, a été officiellement institué en Commission Inter-régionale de la Recherche Archéologique, Est de la France. La séance inaugurale de cette nouvelle C.I.R.A. s'est tenue le 15 septembre et la commission s'est à nouveau réunie en novembre pour évaluer 13 dossiers d'opérations préventives et un dossier de publication. Le secrétariat de cette commission est assuré par le S.R.A. de Bourgogne, région-siège de cette instance de contrôle scientifique dont les réunions vont adopter un rythme mensuel.

D'un point de vue strictement administratif, il convient de rappeler qu'à partir du 1er avril 1994, la gestion financière des dossiers d'opérations préventives, sur crédits État et/ou sur crédits aménageurs, a été confiée par le siège parisien de l'AFAN aux antennes inter-régionales (antenne Grand-Est à Nancy pour la Bourgogne).

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Promotion et diffusion des Résultats

Journées d'étude, tables rondes et colloques

Journées d'études

Colloques

Colloque inter-régional sur "Les nécropoles protohistoriques de l'Yonne et de la Haute-Seine", Sens, 13-15 octobre 1994, organisé par le S.R.A. et la Société Archéologique de Sens.

Expositions

Documentation et bibliothèque

Le S.R.A. de Bourgogne développe ses efforts en vue de faciliter la communication des documents aux chercheurs et étudiants en ouvrant à l'intention de ces derniers sa bibliothèque et en leur permettant la consultation des D.F.S., rapports d'interventions ou de prospections et autres documents scientifiques dont il assure la conservation. L'arrivée au service, en fin d'année 1993, de Joël Maître d'Hotel, secrétaire de documentation, a permis d'évaluer, sur une partie de l'année 1994 seulement, ces consultations. 70 documents scientifiques ont été communiqués à une quarantaine de personnes; ces chiffres devraient augmenter de manière significative en 1995 non seulement en regard des efforts fournis par le service mais aussi en raison du départ, le 1er septembre 1994, de Claude Mordant, Conservateur Régional de l'Archéologie de Bourgogne, pour l'Université avec laquelle les liens seront pour cette raison plus nombreux à partir de 1995. L'intérim est assuré depuis cette date par Pascal Duhamel.

Publications

Le Service est intervenu directement dans la rédaction d'articles de synthèse ou dans la mise en place et la publication des données issues de certaines recherches.

Claude Mordant, Marc Desti et Pascal Duhamel, conservateurs au S.R.A. ont préparé avec la collaboration de Dominique Baffier et Michel Girard un article intitulé "De découvertes en surprises, la patrimoine archéologique" destiné au numéro 193 de la revue Monuments Historiques (août-septembre 1994), consacré à la vallée de l'Yonne.

Le numéro 5 (113 p., ill.) des Cahiers Archéologiques de Bourgogne édités par le Service, sous la responsabilité de Louis Marchand, est consacré aux Actes des deuxièmes journées de rencontres d'ARIA Bourgogne tenues à Auxerre les 7 et 8 mars 1992. Sous le titre "Boire et manger en Bourgogne, usages et fonctions du mobilier archéologique du Néolithique au Moyen Age", les textes des interventions ont été réunis par Martine Joly avec la collaboration de Louis Marchand. Louis Marchand et Yves Pautrat ont également fait paraître deux numéros d'Archéo-Bourgogne, le Bulletin d'information du Service Régional de l'Archéologie de Bourgogne (n° 15, février 1994, 4 p. ; n° 16, juillet 1994, 38 p., ill.).

Grâce à un financement du Ministère de la Culture (Sous-Direction de l'Archéologie), sous le contrôle du Centre National d'Archéologie Urbaine et avec la collaboration du Service Régional de l'Archéologie, Gilles Rollier et Nadine Roiné (AFAN) ont mené à bien la préparation et la publication d'un Document d'évaluation du patrimoine archéologique des villes de France consacré à Cluny (Tours, CNAU, 1994, 112 p., ill ).

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Protection

Deux dossiers ont été élaborés et présentés en COREPHAE avec proposition de classement. Il s'agit tout d'abord de la Tour du Bost à Charmoy (71) qui a reçu un avis de la COREPHAE en date du 22/12/1994, un arrêté du 11 septembre 1995 portant inscription sur l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques protège le donjon en totalité, la chemise de celui-ci et le sol de la parcelle qui l'entoure. Le second dossier concernait la chapelle Saint-Odile (ou Odilon) à Cluny (71), propriété privée datant du Xie siècle, qui a reçu un avis le 03/11/1994.

L'abbaye Saint-Symphorien d'Autun, attestée dès 452 et dont la survivance de bâtiments du haut Moyen-Age se voit confirmée par les témoignages archéologiques, épigraphiques ou lapidaires, a fait l'objet d'un dossier présenté en Commission Supérieure le 16 mai 1994. Un arrêté du 18/07/1994 portant classement au titre des Monuments Historiques a protégé le mur de clôture de l'ancienne abbaye ainsi que le sol et le sous-sol, pour les parcelles appartenant aux propriétaires favorables à cette mesure de protection.

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Orientations pour 1995

Recherche :

Les fouilles préventives rendues nécessaires par le diagnostic de l'autoroute A160 devraient concerner plusieurs sites des périodes gallo-romaine et médiévale. Pour la Préhistoire, la mise en évidence d'un gisement du paléolithique inférieur dans une carrière en activité à Soucy (89) devra faire l'objet d'une attention particulière. Quelques autres chantiers d'envergure sont envisagés en milieu urbain ou périurbain: Châtenoy-le-Royal (71), Quartier de Guise à Dijon (21), percée Eumène-Mazagran à Autun (71),...

Le nombre d'opérations programmées devrait être assez voisin de celui de 1994. Pour toutes les catégories d'opérations archéologiques, l'année 1995 permettra de tester en vraie grandeur le fonctionnement de la C.I.R.A. Le souci de faire évoluer la pratique de l'archéologie en concertation avec tous les intervenants concernés devra se poursuivre en 1995, en particulier en Côte-d'Or.

Animation, promotion :

Le choix a été fait de poursuivre les Journées Archéologiques sur Dijon même. Le S.R.A. de Bourgogne organisera en 1995 une table ronde sur le paléolithique inférieur pour donner suite à celle de Chaumont (Haute-Marne).

Le bulletin d'information du S.R.A. sera réduit à une formule plus compacte, son élaboration sous le format jusque là en vigueur ne pouvant plus être poursuivie.

Le service, dans son ensemble, s'est attelé à la préparation et à la rédaction des notices destinées à Gallia-informations et a préparé, en collaboration étroite avec la Revue Archéologique de l'Est, les actes du colloque Néolithique de 1991.

Enfin, il faut signaler, dans la Nièvre, la préparation par le CODRAN d'une grande exposition sur le thème des recherches archéologiques récentes au sein du département. Un travail de même envergure est en cours pour la Saône-et-Loire (C.D.R.A. 71)

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Carte archéologique régionale (de Pascal DUHAMEL et Mars DESTI)

La direction de la section "Documentation-inventaire" du service régional a été assurée jusqu'en octobre 1994 par Pascal Duhamel, Conservateur en Chef, et depuis par Marc Desti, Conservateur. Les membres de l'équipe ont été progressivement recrutés, d'une part en raison des retards de mise en place des moyens, d'autre part pour permettre à ces collaborateurs contractuels de participer à des opérations de terrain aussi régulièrement que possible. Sont intervenus en 1994: Anne Charmot, Nelly Connet, Myriam Fresne, Michèle Hamblin, Vincent Lhomme. D'une façon générale et pour des raisons d'opportunité, chaque membre de l'équipe assure la charge globale de l'un des quatre départements de la région et prend parallèlement en compte, plus circonstanciellement, une des tâches de résorption dans un domaine de retard important.

S'adjoint à ces charges ordinaires l'exercice d'une compétence particulière plus technique, variable suivant l'expérience de la personne concernée.

Les rôles de la cellule au sein du service couvrent quatre grands domaines:

Programme régional de prospection-inventaire

La prospection par photographie aérienne oblique s'est développée particulièrement tôt en Bourgogne (dès les années 50 avec des pionniers comme P. Parruzot, puis avec R. Goguey et les prospecteurs de l'Yonne); actuellement huit prospecteurs, ou groupes aériens, oeuvrent sur l'ensemble de territoire. Les divers prospecteurs ou équipes de prospection, ont des profils très variés, mais ils sont inégalement répartis sur le territoire. Ces équipes sont uniquement constituées de bénévoles.

Depuis 1985, l'accent a été mis sur l'inventaire, considéré comme une priorité, tout particulièrement sur les zones extensivement menacées de destruction:

Les opérations menées jusqu'alors (18 prospections diachroniques autorisées en 1994) ont surtout alimenté l'inventaire archéologique; le développement des "approches diachroniques sur des terroirs" et des "études thématiques" demeurent malgré tout moins nombreuses. Bien qu'environ 21.000 gisements aient été fichés (dont 2.378 en 1994), on estime qu'un ensemble encore important est potentiellement connu (collections et musées insuffisamment répertoriés, part d'ouvrages et d'archives non dépouillés, enquêtes à mener auprès des "ramasseurs" locaux et prise en compte de trop fructueuses prospections récentes, notamment aériennes).

Le bilan actuel et temporaire de ces actions impose trois orientations prioritaires:

Poursuite d'une active politique d'inventaire archéologique

La prospection aérienne reste une activité très suivie mais il devient urgent d'amplifier les programmes d'exploitation thématiques des données accumulées depuis trois à quatre décennies (à l'image de l'inventaire sur les agglomérations secondaires gallo-romaines de Côte-d'Or ou des enceintes néolithiques de l'Yonne). Il reste très difficile de monter des opérations avec des budgets croisés avec les départements ou la Région. Cette contrainte bride en particulier toutes les recherches programmées qui devraient profiter de tels types de montage.

Il est sûr que c'est dans ce domaine qu'il convient de poursuivre les efforts afin de dégager les moyens indispensables au développement de nouveaux programmes (sur l'Age du Bronze, le Néolithique, le Paléolithique en particulier), les bilans et synthèses sur toutes les périodes. Le nombre des chercheurs disponibles pour mener ces synthèses reste limité.

Convention Etat-Département de la Nièvre

Une convention ayant pour objectif la poursuite de l'inventaire archéologique du département de la Nièvre a été mise en place. 100.000 F. (50% État, 50% Département) ont été versés dans le cadre de la convention de développement culturel.

La gestion des crédits est effectuée par l'AFAN (part État versée en 1993 par la Sous-Direction de l'Archéologie dans le cadre de la carte archéologique nationale); il a été ainsi procédé au recrutement d'un chargé d'étude pendant quatre mois (Hélène Bigeard).


Résultats scientifiques significatifs

Préhistoire

A Soucy (89), l'exploitation d'une terrasse alluviale ancienne par une gravière a entraîné la mise au jour d'un exceptionnel gisement du Paléolithique inférieur. Situé à plusieurs mètres sous le sol actuel, celui-ci montre un sol irrégulier associant une industrie lithique acheuléenne (débitage de bifaces) à une faune moyennement conservée (boviné, équidé, cervidé, proboscidien). Ce niveau archéologique s'insère dans une séquence stratigraphique alluviale pléistocène (stade isotopique 9).

Les relevés d'art rupestre se sont poursuivis à la "Grande Grotte" d'Arcy-sur-Cure (89): 117 unités graphiques différentes sont maintenant inventoriées. Les peintures relevées cette année sont beaucoup moins spectaculaires que les années précédentes. Il s'agit pour l'essentiel de figures partiellement détruites, qui peuvent être restituées grâce aux techniques variées de photographie et de traitement d'image. L'enregistrement des gravures en lumière rasante a débuté par le plafond de la Salle des Vagues. Les six nouveaux sondages sous le plancher stalagmitique ont confirmé l'existence du niveau de circulation paléolithique; l'un d'eux a livré une lampe réalisée sur un fragment de plancher stalagmitique. Les datations disponibles donnent une fourchette allant de 24.000 à 28.000 B.P., mais des incertitudes subsistent. Dans la Salle du Lac, des trous de piquets associés à un horizon de l'âge du Bronze ont été mis en évidence, ainsi qu'une zone de dispersion de 50 monnaies romaines; ils attestent d'une fréquentation protohistorique et antique de la cavité.

Des sondages réalisés sur le gisement du Fond de la Justice à Villiers-Louis (89) ont montré l'existence d'un niveau diffus, de faible épaisseur, contenant une industrie du Paléolithique supérieur caractérisée par un débitage laminaire original.

A Sailly (71), un bloc de grès de 2,75 m de long a pu être défini comme un menhir inédit; ce mégalithe semble avoir été mutilé et abattu dès la période gallo-romaine. L'érection du menhir de Pierre-Fiche (Boyer.71) a été datée du Néolithique final (3985 ± 75 B.P.).

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Protohistoire

La fouille d'un tumulus situé dans la plaine, au pied du Mont-Lassois (Vix, 2.1 ) a révélé la succession de deux phases de construction dont la deuxième, attribuée au Hallstatt ancien, montre un souci de monumentaliser le tertre funéraire: mur périphérique et cercle extérieur de grandes dalles.

La fouille d'un nouveau tumulus s'est achevée sur la nécropole protohistorique de Marcilly-Ogny (21), mais la rareté du mobilier funéraire accompagnant les sépultures ne permet pas de préciser la chronologie de son utilisation: construction dès le Néolithique moyen ou au Bronze final ?

A Gurgy (89), un tumulus à quintuple fossé a livré une sépulture à inhumation dans une chambre funéraire en bois, contenant un mobilier céramique intéressant: six vases dont trois engobés à l'hématite et décorés de bandes enduites de graphite.

Un diagnostic de gravière à Varanges (21) a mis en évidence un site d'habitat du Bronze final. Plusieurs fosses y ont livré un matériel céramique abondant ainsi que quelques épingles de bronze. L'intérêt de ce site vient surtout de la rareté des témoignages d'habitat protohistorique dans cette zone.

Au Mont Beuvray, la poursuite de la fouille de sauvetage de la nécropole, à l'emplacement du parking du musée, a permis de compléter la série des structures (70 enclos, de nombreuses fosses, des dépôts isolés, mais aussi un secteur avec des fours); il semblerait que le comblement des fossés des enclos ait été immédiat, la matérialisation des espaces funéraires par des tertres serait possible. Seule la limite sud de la nécropole a été repérée, marquée par une voie. Les datations établies (-60 à +10) indiquent qu'il s'agit de l'une des dernières nécropoles de Bibracte.

Parmi les travaux menés par les différentes équipes intervenant sur le site, on notera une campagne de sondages destinés à recaler un certain nombre de secteurs fouillés anciennement. Les sondages importants menés en bordure de la terrasse qui porte le Couvent ont fait apparaître la présence d'un bâtiment à l'architecture puissante, tardif, qui pourrait s'apparenter à un édifice public, dont la destination reste à définir. Les travaux sur la PC1 ont montré la permanence d'au moins une limite parcellaire, pendant plusieurs états (état 3 à état 5).

A Alésia (Alise-Sainte-Reine, 21), la fouille de la contrevallation a montré l'existence de mottes gazonnées effondrées dans le remplissage du fossé au pied de l'agger, confirmant ainsi les réflexions sur la restitution.

Les recherches portant sur la circonvallation ont livré de nouvelles tours ainsi que des indices significatifs des époques antérieures: nécropole du Bronze moyen et niveaux néolithiques.

Sur la montagne de Bussy, une première intervention sur le camp C et sa liaison avec la circonvallation, dont l'installation s'est révélée postérieure à celle du camp, a pleinement confirmé les structures connues par des photographies aériennes récentes. La porte fortifiée montre une architecture dissymétrique (avec titulus et clavicula) qui n'était jusque là pas attestée avant l'époque flavienne; le rempart semble armé de poutres de bois selon une technique proche du murus gallicus. Le matériel métallique militaire, très rare dans les fortifications de la plaine, est abondant, et laisse présager la constitution d'un corpus particulièrement intéressant. A l'extrémité ouest de l'oppidum, dans un secteur présentant les traces d'une occupation de la Tène D2, un sondage sur un amas d'éboulis très important laisse penser qu'il s'agit du murus gallicus de l'oppidum (plusieurs fiches en fer ont été recueillies).

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Gallo-Romain

Le parcellaire rural antique conservé dans une forêt communale de Blessey (21) est maintenant reconnu sur une centaine d'hectares. Il associe des parcelles encadrées de murées (enclos) et des groupements de petits habitats. Deux édifices, dont une forge, sont datés par la céramique des Ier-IIIe siècles; la cohérence de l'organisation générale des aménagements incite à étendre ces datations à l'ensemble du parcellaire.

Des recherches ont débuté sur les ateliers antiques de Domecy-sur-Cure (89); elles ont livré un échantillonnage important des productions céramiques de l'atelier qui devrait permettre d'en mieux définir les caractéristiques, ainsi que la chronologie (fin du Ier au IVe siècle).

A Menestreau (58), la dernière campagne de fouille du sanctuaire a confirmé son attribution au dieu GRINOVANTUS, grâce à une dédicace figurant sur un fragment de statue découvert dans un puits, comblé à l'extrême fin du IVe siècle. Son remplissage a livré une abondante faune, des restes de bois bruts ou travaillés bien conservés en milieu humide et des éléments sculptés complémentaires de ceux recueillis en surface.

Une première campagne de travail subaquatique a eu lieu sur le pont gallo-romain de Chalon-sur-Saône (71); les piles du pont romain ont en effet servi de bases aux différents aménagements et reconstructions qui se sont succédés jusqu'en 1944, date de la destruction du pont, reconstruit ensuite légèrement en biais (actuel Pont Saint-Laurent). L'étude a montré la conservation de la base d'au moins une pile gallo-romaine, ainsi que de son batardeau et de son système de protection. De nombreuses observations ont pu être faites sur l'architecture et les procédés de construction de cette pile (utilisation du grès et du calcaire, impressionnants crampons métalliques assurant la cohérence de l'ensemble).

Dans plusieurs villes de Bourgogne, des interventions archéologiques ont livré des informations sur le milieu urbain antique: c'est le cas à Chalon-sur-Saône (71), avec des vestiges d'installations liées au travail du fer identifiés sur l'île Saint-Laurent, où peu d'informations étaient jusqu'ici disponibles pour la période gallo-romaine; à Mâcon (71), où elles attestent une occupation gallo-romaine précoce; à Tournus (71), avec un premier aperçu sur le rempart du castrum et son environnement immédiat.

A Villaines-les-Prévotes (21), des sondages sur une importante villa romaine permettent d'esquisser son abandon progressif et la réutilisation ponctuelle des ruines entre le IVe siècle et le haut Moyen-Age.

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Moyen-Age

Les travaux de cette année, à l'Abbaye Saint-Germain d'Auxerre (89), ont porté sur la confession de la crypte. La forme et le contenu des sarcophages retrouvés laisse planer un doute sur son usage funéraire initial. Les élévations conservent cependant des indications picturales qui confirment la présence de reliques dès le IXe siècle. Des structures antérieures à la phase de construction de 841 sont maintenant plausibles.

A Cluny (71), plusieurs interventions ou surveillances ont principalement porté sur le domaine abbatial (abords des Écuries Saint-Hugues), et sur l'architecture civile et la chronologie des habitats du bourg médiéval. A Sevrey (71), de nombreuses informations ont été recueillies dans un secteur où se succèdent des dépotoirs du VIIe siècle, puis des X-XIIe siècles. L'organisation spatiale des ateliers et la localisation des fours demeurent un problème d'actualité.

La fouille d'une partie des cuisines de l'Abbaye Saint-Philibert à Tournus (71) en a donné le plan et un aperçu de la consommation des moines au XIIe siècle; elle a surtout fourni de précieuses informations sur la nature et la chronologie de l'occupation de ce secteur, du Haut Moyen-Age jusqu'à la création de l'Abbaye.

On notera également, dans le cadre d'opérations Monuments Historiques aux abords des églises de Saint-Vincent-des-Prés (71), du XIe siècle, et de Mont-Saint-Vincent (71), de la fin du XIe siècle, la mise en évidence de maçonneries attestant d'états antérieurs.

A Perrigny-les-Dijon (21) le plan du château des XVIIe et XVIIIe siècles a été complété par la fouille. Des états antérieurs (XIe-XIIe siècles) ont été mis en évidence, alors que la maison forte n'était connue par les textes que depuis le XIIIe siècle.

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Prospections

Le climat ne s'est pas toujours montré favorable aux prospections aériennes, en particulier durant le printemps et l'été, mais les photographies de sites en relief (tumulus, mottes, enceintes) ont été nombreuses.

Les prospections thématiques se sont particulièrement développées, principalement en ce qui concerne l'époque médiévale: recherches sur l'habitat médiéval fortifié en Côte-d'Or, Nièvre et Saône-et-Loire, études sur l'hydraulique monastique cistercienne.


Introduction