Arisitum

L'ARCHEOLOGIE DANS LE CENTRE (1993)
BILAN ET RESULTATS

(Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret)


Source: "Bilan Scientifique 1993", Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre, Service Régional de l'Archéologie, 1994, pages 11 à 20.


Préface (de Didier DESCHAMPS, Directeur régional des Affaires Culturelles)

Le bilan scientifique du service régional de l'Archéologie est devenu un instrument de travail pour les archéologues. II offre chaque année - et on le souligne ici cette année dès le mois d'avril - un panorama de la recherche en région Centre. 147 autorisations ont été délivrées en 1993, avoisinant ainsi le chiffre atteint les années précédentes. Chiffre reflet de la recherche, mais image inexacte des dossiers rencontrés et gérés par le service régional de l'Archéologie, qui cherche par son action préventive d'abord à protéger les sites en évitant les fouilles. Cette action de préservation du patrimoine archéologique ne se mesure pas aisément, ne l'oublions pas.

Que l'on songe que dans les années prochaines notre région verra construire 500 km supplémentaires d'autoroutes : ce sont des centaines de sites archéologiques qui vont être menacés, de lourdes opérations de diagnostic, des dizaines de fouilles à organiser et des centaines d'emplois de créés.

On comprendra mieux encore l'importance de la réforme de déconcentration de ces dernières années et la responsabilité accrue de la direction des Affaires Culturelles.

Les textes prévoient désormais que "la déconcentration est la règle générale de répartition des attributions et des moyens entre les différents échelons des administrations civiles de l'Etat" et que les administrations centrales exercent "les seules missions qui présentent un caractère national ou dont l'exécution, en vertu de la loi ne peut être déléguée à un échelon territorial".

C'est dans cette perspective que s'inscrit la déconcentration de l'évaluation scientifique. Par arrêté du 10 décembre 1993, des groupes d'experts ont été créés. Ils émettent un avis sur toutes les questions en matière de recherche archéologique et examinent en particulier les dossiers de fouilles programmées.

Cette organisation est transitoire en l'attente de la création, probablement dans le courant de l'année 1994, des Commissions interrégionale de l'Archéologie. Notre région regroupée avec les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Ile-de-France dans l'interrégion Centre-Nord a le redoutable privilège d'être la région-siège. II y a lieu de s'en réjouir pour peu que les moyens nécessaires suivent.

Cette année 1993, riche en événements, a été marquée également par la publication de textes essentiels. La circulaire définissant les documents finaux de synthèse, nouvelle appellation, qui n'est pas de simple forme, des rapports de fouilles, demandera quelques mois pour une véritable mise en oeuvre. Elle marque un progrès dans la volonté de mettre rapidement à disposition de la communauté archéologique les résultats des travaux. Désormais également, les rapports de fouille et la documentation sont accessibles à tous les chercheurs par simple demande auprès du service régional de l'Archéologie.

Réformes importantes qui en annoncent d'autres; après des temps difficiles, l'horizon archéologique paraît s'éclaircir.


Bilan et orientations de la recherche archéologique (de Michel-Edouard BELLET, Conservateur Régional).

L'année 1993 a été marquée par quelques points forts : la circulaire sur la communication des rapports de fouilles, un texte sur les études d'impact appliquées à l'archéologie, une circulaire sur les documents finaux de synthèse, et la réforme de l'AFAN.

Le décret paru au J.O. du 26 février 1993 modifie l'approche des études d'impact. "Désormais, l'archéologie doit être prise en compte dans l'analyse de l'état initial du site ; l'analyse doit également porter sur les effets causés par l'opération. Enfin, le maître d'ouvrage doit proposer les mesures qu'il envisage pour supprimer, réduire et, si possible, compenser les conséquences dommageables du projet sur l'environnement...". Malheureusement des exceptions réduisent la portée de ce texte néanmoins important.

La circulaire du 26 mars 1993 relative à la communication des rapports de fouilles met fin à un débat amorcé depuis quelques années. Les rapports constituent des documents administratifs au sens de la loi du 17 juillet 1978 : ils sont donc consultables et peuvent être communiqués au public. Le principe de communicabilité s'exerce également sur l'ensemble de la documentation issue des fouilles et déposée au service régional de l'Archéologie (photographies, plans, inventaire du mobilier, etc...).

Le mobilier archéologique cependant, n'est pas concerné par ce texte. Son application suppose le respect de la législation concernant la propriété littéraire et artistique et l'interdiction de toute utilisation commerciale.

La diffusion des résultats est absolument indispensable. Sans elle, il n'y a pas de recherche archéologique. La direction du Patrimoine en a fait un objectif prioritaire. La circulaire n°1801 du 5 juillet 1993 le précise. A l'issue de la phase de terrain, le titulaire de l'autorisation de fouille devra remettre au service régional de l'Archéologie la totalité de la documentation rassemblée ainsi qu'un document final de synthèse (D.F.S) qui remplacera l'ancien rapport. La circulaire définit les normes de ce D.F.S. : ce n'est pas le lieu de les rappeler. Le texte en est aisément disponible auprès du service régional.

La mise en oeuvre effective du contenu de cette circulaire suppose un effort de tous, mais de nombreux chercheurs en appliquent déjà spontanément bien des recommandations.

Enfin, toute l'année 1993 a vu s'instaurer un fructueux débat autour du projet de réforme de l'évaluation scientifique de la recherche archéologique à la suite de la remise du rapport de M. Gauthier. Ce projet, qui n'a pu encore aboutir, repose sur le principe de la déconcentration interrégionale de la plus grande part de l'évaluation. On peut imaginer que les textes nécessaires à sa mise en place verront le jour en 1994. II en sera de même peut-être de la réforme de la loi de 1941 portant réglementation des fouilles archéologiques où apparaîtrait un titre traitant des fouilles préventives.

La réforme de l'AFAN suit son cours. Des pas importants ont été franchis cette année. En septembre, l'antenne interrégionale Centre-Nord a été mise en place. Elle siège à Paris. C'est elle désormais qui établit les devis des opérations d'archéologie préventive. Les modalités de recrutement des agents AFAN sous contrat à durée indéterminée ont été publiées et quelque 250 dossiers déposés pour un recrutement effectif dans le courant de l'année 1994. La qualification des agents selon les nouvelles grilles est en cours, commissions paritaire et scientifique se sont réunies à cette fin.

Le service régional avait décidé, à partir de 1993, de porter ses efforts sur des aspects particuliers. II s'agissait de promouvoir des projets de recherche nouveaux et de renforcer les liens avec l'Université, de renforcer la prévention des destructions, d'aborder le problème de l'organisation des dépôts. La réalisation de ces objectifs au fil des années, sera fonction des moyens que l'on pourra mettre en oeuvre.

Cependant, l'enveloppe budgétaire affectée à la promotion des projets de recherche nouveaux n'est pas extensible à l'infini. On est en droit de s'interroger pour savoir si quelques projets limités bien construits ne seraient pas préférables à une multitude aux moyens financiers forcément réduits.

En 1993, quelques projets ont été mis en place. La plupart étaient la poursuite de programmes amorcés les années précédentes. Ainsi, par exemple, le renouvellement des demandes pour le site du Foulon à Abilly (Indre-et-Loire), de Saint-Piat (Eure-et-Loir), Oulches (Indre), le projet collectif concernant le site d'Argentomagus. Une seule demande, celle concernant l'étude de l'agglomération antique de Pithiviers-le-Vieil dans le Loiret était un véritable projet nouveau.

Deux projets collectifs seulement existent dans la région. Le regroupement des efforts des chercheurs paraît cependant être le passage obligé de la recherche dans les années à venir. Un effort reste à faire mais des groupes de travail ont pu se constituer de façon informelle. Ils pourront déboucher sur de véritables projets collectifs. Notons ainsi la constitution d'un groupe de travail sur "Les agglomérations secondaires antiques dans la région Centre" qui réunit une quinzaine de chercheurs dans le but de publier dans un délai assez bref un état de ces agglomérations.

Ces projets ne peuvent voir le jour que si des liens plus forts existent entre les divers partenaires de la recherche archéologique. Ces liens ne peuvent, de plus, que favoriser la formation théorique des chercheurs de terrain. A cette fin, ont été organisés des séminaires. En 1993, ils ont regroupé les chercheurs autour de deux thèmes : le Paléolithique en région Centre d'une part et la céramique carolingienne d'autre part. Cette dernière rencontre s'est appuyée largement sur les travaux des récentes fouilles de Blois. Vrai succès, ces réunions en appellent d'autres qui seront organisées en 1994 en collaboration entre le centre national d'Archéologie urbaine de Tours, l'équipe CNRS "Archéologie et territoires" et le service régional.

Dans le même sens, on soulignera la collaboration avec la Maîtrise des Sciences et Techniques d'Archéologie de l'Université de Tours dont on retrouve fréquemment les étudiants sur les chantiers de la région ou au service régional. A ce propos, le déséquilibre entre l'Université de Tours, éloignée de la direction régionale des Affaires culturelles et active en archéologie, et celle d'Orléans, plus discrète, ne facilite pas toujours les rapprochements scientifiques nécessaires. La demande en matière d'échanges et de formation est grande : on doit être particulièrement attentif à ce point.

Le travail de prévention des destructions de sites est important. On répète toujours que le "gel" est souvent préférable à toute intervention et qu'à défaut, une intervention très en amont est souhaitable. Les limites de ce travail ne sont que ceux des moyens dont on dispose.

Ceux attribués à l'inventaire archéologique ont été notablement augmentés ces dernières années: les résultats sont spectaculaires. L'objectif assigné est clair : à long terme constituer une documentation sur la région. Pour atteindre cet objectif, le service régional a mis en place un pré-inventaire normalisé par canton. En 1993, l'étude du canton du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) et des communes avoisinantes a été terminée. Le canton de Mer (Loir-et-Cher) et une partie des cantons de Marchenoir et Bracieux (Loir-et-Cher) ont été étudiés. Dans l'Indre, l'étude du canton de Buzançais a pu commencer.

L'originalité de la méthode mise en place dans la région Centre, après d'autres, réside dans la vérification au sol en prospection, des données issues des diverses sources. Quantitativement, les résultats sont significatifs.

En moyenne, le nombre de sites est multiplié par quatre. On se rappelle que le but de cette enquête est simplement de répondre à la question suivante : quel site de quelle époque existe à quel endroit ? Cette enquête ne se justifie que de ce point de vue. Aux chercheurs dans le cadre de leurs travaux de traiter ensuite cette information première.

1215 nouveaux sites ont été en 1993 saisis dans la banque de données Dracar ce qui porte le total des sites saisis en région Centre à 12247. De plus depuis le printemps, le logiciel Scala permet de réaliser des cartes en couleur à partir des données de Dracar. Si les moyens sont supérieurs, le rythme de travail est trop lent encore, eu égard à l'importance de la tâche : d'où la nécessité de trouver des partenaires. Un premier pas a été franchi cette année. Une petite part des crédits du Conseil général de l'Indre pour l'archéologie a pu être affectée à cette tâche. Une convention de développement culturel signée avec le département d'Indre-et-Loire a inclus un chapitre inventaire archéologique. Une première intervention sera effectuée début 94 dans le canton de Sainte-Maure-en-Touraine.

La gestion des tracés autoroutiers fait partie intégrante de ce travail de prévention. En région Centre, à des stades divers, ce sont plus de 500 km d'autoroutes qui sont en cours de réalisation. Une seule d'entre elles a fait l'objet de fouilles en 1993, l'A20 dite "Occitane". Cette autoroute doit relier Vierzon à Brives ; elle concerne les départements du Cher et de l'Indre. Dans le Cher tous les travaux archéologiques ont été effectués en 1992. Dans l'Indre, les sections de Vatan-Brion et de Brion-Chateauroux ont fait l'objet d'interventions archéologiques de terrain en 1993. Signalons la fouille de grande surface à Brion au lieu-dit "Les Grandes Chapelles".

Toutefois, l'A28 Alençon-Tours qui comprend 30 km de tracé dans la région Centre a fait l'objet d'un diagnostic lourd sur un grand site gallo-romain à Chanceaux-sur-Choisille (Indre-et-Loire). En 1991, l'étude documentaire du tracé Dordives-Cosnes-sur-Loire de l'A67 a été réalisée ; les travaux de prospections et diagnostic auront lieu en 1994. La section Angers-Tours de l'A85 concerne la région sur 40 km dont la première section de Tours à Langeais est en cours de réalisation après l'étude archéologique effectuée en 1992. Le second tronçon pourra être étudié dès 1994. La vallée du Cher de Vierzon à Tours sera parcouru par l'A85 sur 115 km soit le plus long tronçon en région Centre qui concerne les départements du Cher, du Loir-et-Cher, de l'Indre-et-Loire. Une première étude documentaire a été réalisée en 1993 sur le projet de bande des 300 mètres. Le patrimoine archéologique y est particulièrement riche. Enfin, l'A160 d'Artenay à Courtenay dans le Loiret en est encore à un stade embryonnaire d'élaboration et aucune étude archéologique n'a été réalisée.

A n'en pas douter, l'ensemble de ces opérations, parfois très lourdes, marqueront fortement l'archéologie préventive des prochaines années.

Les travaux en liaison avec les extensions ou ouvertures de carrières sont insuffisamment suivis. Quelques opérations ont été effectuées cette année, le plus souvent dans de grandes difficultés financières. La situation de ce point de vue n'est pas bonne mais elle est très difficilement gérable. L'émiettement de la profession, l'ouverture de petites carrières à faible rentabilité ne facilitent pas la prise en compte aisée du surcoût archéologique.

De notables efforts sont réalisés par la Sous-direction de l'Archéologie pour aider certaines de ces opérations. Pourtant des sites quelquefois très importants sont concernés et menacés par ces travaux : il faut réfléchir à ces questions et rechercher des accords avec les organismes professionnels.

Les relations avec les collectivités territoriales sont souvent bonnes. Beaucoup mesurent l'enjeu du patrimoine archéologique. Des services municipaux et départementaux existent depuis quelques années. 1993 a vu l'ouverture de la Maison de l'archéologie à Chartres, structure associative où deux postes, financés pour une part par la DRAC, ont été créés. Un service municipal aurait été préférable mais l'existence de cette structure est indéniablement un atout pour une ville au passé très riche.

Une convention avec le département de l'Indre-et-Loire, nous l'avons vu a inclus un aspect archéologique. Le département de l'Indre soutient la recherche archéologique en affectant chaque année des fonds spécifiques; celui du Cher a créé il y a quelques années un service départemental dont les missions restent cependant à préciser. Malheureusement la vacance du poste d'archéologue départemental du Loiret ne sera probablement pas comblée dans l'immédiat. Enfin, la région Centre finance les projets de l'association Archéa jusqu'en 1994 et ne parait pas, loin de là, insensible à diverses actions patrimoniales. L'effort est à poursuivre. Parallèlement aux efforts de la politique de prévention, la définition de sites archéologiques majeurs sur lesquels un effort tout particulier est porté doit permettre le développement de sites-phares de la recherche régionale.

Quatre sites ont été ainsi provisoirement définis : Sceaux-du-Gâtinais (Loiret), sanctuaire gallo-romain des eaux, Drevant (Cher) importante agglomération gallo-romaine avec thermes, théâtre, sanctuaire etc., Le Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) site préhistorique à large renommée et Argentomagus (Indre), ville gallo-romaine étudiée depuis quelques années déjà.

Les comités de pilotage regroupant l'ensemble des partenaires scientifiques, administratifs, touristiques, etc., sont progressivement mis en place là où ils n'existaient pas. Ce fut le cas en 1993 pour Drevant. Dès début 1994, les autres doivent être mis en place; un existe à Argentomagus, depuis plusieurs années.

La situation des dépôts est généralement importante pour la recherche. On a commencé cette année a en améliorer la situation. II existe un dépôt dans le département du Cher à Bourges où en 1992, les locaux de l'ancienne BCP ont été mis à disposition. Le Loiret est équipé depuis de nombreuses années. Dans l'Indre-et-Loire si la situation du dépôt de la basilique Saint-Martin est en voie de régularisation, il existe un local modeste à Chinon mais il manque un vaste dépôt départemental.

Dans l'Eure-et-Loir, la situation est plus préoccupante, l'enquête se poursuit pour trouver des locaux comme dans le Loir-et-Cher. Dans l'Indre le problème du dépôt de Saint-Marcel-Argentomagus, sera réglé en 1994: l'Etat créera une base archéologique. Depuis 1993 un nouveau dépôt existe à Moulin-sur-Céphon afin de rassembler les collections jusqu'alors stockées à Levroux et Bouges-le-Château. Une solution a pu être trouvée grâce à la collaboration avec la municipalité.

Dans le même esprit, une attention particulière a été portée à certaines collections archéologiques par exemple dans le Loiret à Beaugency, Pithiviers-le-Vieil et Vienne-en-Val en concertation avec le conseiller aux musées.

Des conventions vont permettre de résoudre les problèmes d'inventaire et de dépôt du mobilier. D'autres demandes ont été formulées par des musées et trouveront ultérieurement une solution.

L'usage des détecteurs de métaux sans autorisation a donné lieu à plusieurs plaintes et quelques affaires sont en cours. La fermeté doit être le principe dans la chasse aux pilleurs. Le service régional trouve un appui efficace de divers bénévoles qui ne manquent pas de signaler ces situations illégales.

Les travaux en archéologie urbaine ont porté cette année sur le site de Blois où les chantiers du château et de la Maison de la Magie ont été terminés, d'Orléans dans le quartier Dessaux où la première phase de fouilles s'est conclue avec d'intriguants résultats quant à l'aménagement des berges de la Loire et au rempart gallo-romain. A Bourges, place Malus, a été terminé le chantier, partiellement étudié voici quelques années, d'une grande nécropole de l'antiquité tardive. A Tours, outre diverses petites interventions, la mise en place du chantier des abords de la Cathédrale a pu se préciser: il se déroulera vraisemblablement en 1994.

Les études d'après fouilles du site du parvis de la Cathédrale de Chartres, interrompues faute de moyens suffisants, vont reprendre en 1994 grâce à l'aide de la Sous-direction de l'Archéologie et de la région Centre. Elles donneront lieu à un document final de synthèse mais également à une exposition accompagnée d'un catalogue.

Cette restitution de l'information à un large public est un souci. Des efforts sont faits en ce sens sur les grandes opérations archéologiques en particulier par l'organisation d'expositions. Ce fut le cas pour les travaux de l'A20 en collaboration avec la DDE de l'Indre. Les travaux à Pithiviers-le-Vieil ont également donné lieu à une exposition. Une feuille d'informations "Archéologie en région Centre" parait deux fois par an et donnent à quelques centaines de partenaires un état des études réalisées dans la région.

Toute politique archéologique est illusoire si elle n'est pas relayée sur le terrain par le plus grand nombre; c'est l'occasion de remercier ici tous les archéologues professionnels ou bénévoles qui oeuvrent, quelquefois dans les difficultés, pour une meilleure connaissance de notre passé.


Relations internationales: Coopération avec la Roumanie (de Yannick RIALLAND)

Dans le cadre d'échanges bilatéraux entre le Ministère de la Culture et de la Francophonie (Direction du Patrimoine, sous-direction de l'Archéologie) et le Ministère de la Culture de la Roumanie, un programme de coopération archéologique franco-roumain a été mis en place cette année sur !e tell d'Hîrsova, qui a reçu pour 1993 le label de chantier archéologique pilote pour la Roumanie (cf. Bilan Scientifique 1992, p.14).

Le tell néolithique et chalcolithique d'Hîrsova (département de Constanta) est situé sur le territoire d'une commune particulièrement riche en sites archéologiques de toutes périodes, sur la rive droite d'un des bras du Danube, à environ 70 km à vol d'oiseau de la Mer Noire. La portion actuellement conservée du tell forme un dôme bien marqué de plus de 12 m de hauteur, pour environ 190 m de longueur et un peu plus de 80 m de largeur. Il s'agit d'un des plus grands tells de la Roumanie qui montre une imposante séquence stratigraphique allant du Vème au IIIème millénaire avant J.C. (du Néolithique final, culture de Boïan, au Chalcolithique moyen, culture de Cernavoda).

Lors d'une première visite d'archéologues roumains en France en 1992 (stage "Archéologie de la France" organisé par la direction du Patrimoine), des contacts avaient été établis entre l'équipe d'Hîrsova et celle de la fouille du parvis de la cathédrale de Chartres. Ces contacts avaient été l'occasion d'une présentation sommaire des techniques de fouilles employées en milieux pluristratifiés, et plus particulièrement en milieu urbain. II est alors apparu clairement que sur un site à stratification aussi complexe que le tell néolithique et chalcolithique d'Hîrsova, l'utilisation de méthodes analogues pouvaient apporter une amélioration significative du degré de finesse de l'analyse d'un site d'une aussi grande importance pour la compréhension de ces périodes dans toute l'Europe du Sud-Est. C'est dans cet esprit qu'un projet de coopération archéologique s'est fait jour sur le tell d'Hîrsova, avec notamment pour objectif de promouvoir un chantier "école" où les aspects méthodologiques liés à l'optimisation de l'acquisition des données stratigraphiques (et ethnographiques) puissent être débattus conjointement.

Pour 1993, la mise en oeuvre de ce programme a été conçue en trois phases distinctes:

Le second axe de cette coopération concerne les études pluridisciplinaires, secteur d'activités et de recherches actuellement assez déficient en Roumanie.

En 1993, l'intervention conjointe de spécialistes français et roumains était avant tout conçue comme l'occasion d'effectuer sur place une estimation précise des nombreuses possibilités d'études manifestement offertes par un site de cette qualité, en fonction des problématiques archéologiques concernant le Néolithique et le Chalcolithique de la Dobrogea. La présence, durant la fouille, de quatre spécialistes français (micromorphologie sédimentaire, palynologie, anthracologie et carpologie) a permis d'instaurer un véritable dialogue interdisciplinaire avec les archéologues. Après une prise de connaissance du gisement, des problématiques archéologiques et des questions que les néolithiciens souhaitaient pouvoir résoudre grâce aux études naturalistes, la majeure partie du travail a été consacrée aux prélèvements (environ 170 échantillons) destinés à l'expertise préalable en France des possibilités d'études. Au delà de ce diagnostic, la mise en place progressive, dès la fin 1993, de stages de perfectionnement dans des laboratoires français, afin d'assurer une spécialisation de jeunes chercheurs roumains dans différentes disciplines, constitue un objectif majeur visant à aider au développement d'une structure de laboratoire (département des recherches pluridisciplinaires) dont le Musée National d'Histoire de la Roumanie vient de se doter.

Au terme de cette première année de coopération de terrain entre archéologues et spécialistes français et roumain, le bilan est tout à fait positif. Un programme trisannuel de coopération a été préconisé à la Direction du Patrimoine, afin que cette action engagée sur le chantier pilote d'Hîrsova puisse véritablement porter tous ses fruits.


Présentation et activités du L.I.C.C.A.B. (de Anne DELLA MONICA et Dominique DEYBER-PERSIGNAT, titulaires de la M.S.T. de Conservation-Restauration des Biens Culturels).

Le Laboratoire de Bourges : Interventions et Conseils en Conservation-restauration Archéologique (LICCAB) a été créé en 1992 (Association régie par la loi de 1901).

Situé dans les locaux du service archéologique municipal de Bourges, il a pour missions de GERER - CONSERVER - COMMUNIQUER...

Les objectifs des interventions sont déterminés par une collaboration étroite entre archéologues et "conservateurs-restaurateurs" ; les traitements sont réalisés en respectant l'intégrité du document archéologique et suivant les principes déontologiques de la profession de "conservateur-restaurateur".

Il s'agit d'une réponse concrète aux problèmes auxquels les archéologues sont confrontés depuis l'exhumation du mobilier (prélèvements, moulage, micro-fouille en atelier...) jusqu'à l'exploitation de cette documentation (conservation préventive, gestion, organisation des réserves...) et sa mise en valeur (restauration).

Ceci, en facilitant l'accessibilité et en assurant la pérennité des collections archéologiques.

Informations sur les activités du LICCAB depuis sa création :

Activités 1992 :

Activités 1993 :


Résultats scientifiques significatifs

A Pouligny-Saint-Pierre (Indre), dans la grotte des Hyènes, une grande salle, inconnue auparavant, a livré des restes fauniques dont les liens éventuels avec les repaires d'hyènes et les rares vestiges lithiques restent à préciser.

A Auneau (Eure-et-Loir), deux crânes d'aurochs, distants d'une dizaine de mètres et enterrés intentionnellement au Mésolithique, ont été découverts. Leur présence à proximité des deux dernières sépultures pourrait révéler l'existence de rites funéraires associant des dépôts d'animaux aux tombes.

La présence de nombreuses structures en creux du Néolithique moyen I, à Contres (Loir-et-Cher) et Muides (Loir-et-Cher) permet d'envisager l'existence de bâtiments dont l'architecture, non danubienne, reste à préciser.

A Auneau (Eure-et-Loir), la découverte d'une statuette chasséenne en terre cuite est à mentionner.

Toujours au Néolithique, dans le domaine funéraire, la poursuite des travaux sur le site mégalithique de Changé à Saint-Piat/Maintenon (Eure-et-Loir), a montré que le bris du dolmen du Berceau pourrait compléter la condamnation du dolmen Petit, au sein d'un même processus. Par ailleurs, les limites de la fosse-ossuaire ont été reconnues, tandis qu'un nouvel empierrement au nord pourrait signaler la présence d'un autre monument enfoui. A Malesherbes (Loiret), la fouille de sauvetage du dolmen de Mailleton a montré une vidange de la chambre funéraire, suivie d'une condamnation du monument.

Pour l'Age du Bronze, les découvertes les plus intéressantes concernent la mise en évidence d'un habitat structuré de la transition Bronze final / Hallstatt ancien à Muides (Loir-et-Cher), qui a livré au moins une maison, accompagnée de fours, de greniers et de fosses contenant un riche mobilier céramique.

A Bourges (Cher), une intervention d'archéologie préventive sur le site de Saint-Martin-des-Champs a mis en évidence une douzaine de structures excavées du premier Age du Fer. Certaines sont des silos, d'autres les annexes d'habitat réservées à la production artisanale. L'habitat n'a pas été repéré mais ne saurait être bien éloigné. Le matériel est d'autant plus remarquable que la présence de céramique attique à figures rouges constitue un repère chronologique fiable.

La même intervention a permis l'étude d'une nécropole probablement de la deuxième moitié du IVème siècle. Au total 375 sépultures ont été fouillées. La plupart est en fosses rectangulaires avec cercueil de bois mais on en trouve en sarcophage de calcaire et en cercueil de plomb. On note aussi l'existence de quatre monuments funéraires. L'étude anthropologique d'un tel ensemble sera d'un grand apport.

Une fouille au quartier des Arènes à Levroux (Indre) a apporté des informations majeures sur cette agglomération de la fin de l'Age du Fer. Un hectare et demi a été fouillé, 450 structures mises au jour dont deux bâtiments de 8m x 7m qui sont peut-être les deux premières maisons découvertes sur le site. 58 000 objets ont été recueillis lors de ces travaux : ce chiffre indique l'ampleur des études à venir.

A Bourges, une fouille rue Jean-Jacques Rousseau a montré que l'extension de la ville antique allait vers l'ouest au-delà de l'Auron. Un quartier avec rue et maisons a été mis au jour (Ier-IIIème siècles). Fin IIIème siècle, il est détruit méthodiquement, les matériaux récupérés.

A Chartres (Eure-et-Loir), plusieurs petites interventions dans le quartier d'Aboville sur le rebord et le sommet du coteau qui domine l'Eure au nord-est ont mis en évidence une occupation gallo-romaine là où on ne l'attendait pas. Diverses structures ont été découvertes et en particulier les restes d'un métier à tisser du IIème siècle. Si l'extension de l'agglomération romaine dans ce secteur est nouveau, l'habitat n'a pas été encore découvert.

Dans le cadre des travaux antérieurs à la réalisation de l'autoroute A20, dans l'Indre à Brion, le site des Grandes Chapelles a été fouillé sur deux hectares. On y a découvert une occupation attribuable au Néolithique moyen sous forme de fosses, trous de poteaux et structures diverses mais également de l'Age du Bronze et des enclos de l'Age du Fer. Un réseau de structures fossoyées de l'époque romaine avec bassins et aménagement de bois a été mis au jour.

Un quatrième four a été découvert sur l'atelier métallurgique d'Oulches (Indre) ainsi qu'un bassin de bois. La réflexion sur l'approvisionnement en matière première incite à envisager une origine assez éloignée.

Argentomagus (Saint-Marcel, Indre) a connu cette année une intense activité archéologique. Le site des abords de la Fontaine a pu être précisé. En particulier au nord, dans des maisons a été mis au jour une citerne et la chronologie a été affinée. La fontaine elle-même a fait l'objet d'une étude précise de ses réaménagements. Une nouvelle hypothèse voudrait trouver l'interprétation de sa position particulière en relation avec la topographie de la source qui l'approvisionne. On a poursuivi également l'étude du temple 3 avant les travaux de restauration. La fouille au nord de ce temple dans les rues a connu une nouvelle ampleur. Des sondages profonds ont mis au jour des silos de l'Age du Fer. Un niveau ancien, de l'époque augustéenne certainement, a été mis au jour avec une chaussée et des boutiques en matériaux légers. L'essentiel réside sans doute dans les modifications radicales, mal datées de la deuxième moitié du 1er siècle ou du milieu du IIème siècle : l'orientation des rues change, les boutiques sont arasées et remblayées. L'histoire de l'urbanisme de la ville prend un nouveau tournant.

Dix mois de fouilles dans l'îlot du Jeu de Paume du quartier Dessaux à Orléans (Loiret) ont permis d'étudier une série de quatre quais et d'aménagement de berge antique de la Loire. L'espace en arrière de ces quais, qui gagnent progressivement sur la Loire, était à l'époque romaine vide d'occupation, même quand il est englobé dans l'enceinte du IVème siècle. Cette enceinte se trouvait d'ailleurs plus au sud hors de l'emprise de la fouille. Ce n'est qu'au XIIIème siècle que le quartier est urbanisé.

A Sceaux-du-Gâtinais dans le Loiret, des travaux pour l'aménagement d'un parking ont donné l'occasion d'une intervention hors de l'enceinte du sanctuaire. Des structures, en partie vues en prospection aérienne, ont été mises au jour. Deux états entre les 1er et IIIème siècles repérés ainsi qu'une voie. On ne sait la fonction de ces bâtiments qui seront fouillés en 1994.

L'église Saint-Martin d'Ardentes (Indre) a fait l'objet de travaux qui ont montré une occupation du IIème siècle, du IVème et un édifice cultuel ou funéraire des Vème ou VIème siècles. Cela confirme les origines antiques du site : Alerta mentionnée sur la Table de Peutinger.

A Chanceaux-sur-Choisille (Indre-et-Loire) une agglomération gallo-romaine anciennement repérée par photographie aérienne a fait, dans le cadre des travaux préalables à la réalisation de l'autoroute A28, l'objet d'une évaluation : thermes et habitat, sanctuaire ont été repérés. Ils seront fouillés.

Les maisons en pierres du XIIème siècle conservées dans leur volume ne sont pas si courantes en Touraine. Une d'entre elles a été étudiée à Montbazon (Indre-et-Loire). Cette maison bourgeoise concilie espace fonctionnel au rez-de-chaussée et logement à l'étage.

La chapelle de la maladrerie Saint-Lazare à Tours a été fouillée et les élévations étudiées dans le cadre d'un projet d'aménagement. Il s'agit d'un exemple ancien d'édifice à deux nefs attribuables au début et à la fin du XIIe s.


Introduction