Arisitum
(Ardennes, Aube, Marne, Haute-Marne)
Source: "Bilan Scientifique 1994", Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne, Service Régional de l'Archéologie, 1996, pages 6 à 8.
Préface (de Alain VILLES)
Au moment de signer le "bon-à-tirer" du présent Bilan Scientifique Régional et donc de rattraper enfin le retard de parution de cette publication, il me paraît nécessaire de rappeler qu'elle est l'affaire de tous.
Trop de notices nous sont encore parvenues avec retard, ou bien ont dû être rédigées ou remaniées par le S.R.A. en trop grand nombre pour que l'on puisse garantir une parution rapide de cette information, si utile à la santé de la recherche archéologique régionale. C'est pourquoi chacun trouvera ici, en lieu et place du "bilan et orientations de la recherche archéologique", une page de recommandations pour la rédaction des textes à fournir, et qui doivent absolument accompagner la remise du rapport de fouilles, comme il est désormais rappelé dans chaque circulaire d'accompagnement d'une autorisation.
On s'est plaint ici et là de la stagnation des fouilles programmées, du moins quant à leur nombre, depuis une dizaine d'années. Ce type d'opération n'est réservé à aucune catégorie d'archéologue en particulier. Encore faut-il que les dossiers de demandes de fouilles soient excellents. Devant la C.I.R.A., le service ne pourra jamais soutenir longtemps, quoi que l'on dise, et encore moins proposer à nouveau des projets de fouilles insuffisants. La meilleure façon de préparer une opération programmée est de procéder comme avec les fouilles préventives: par "évaluation" préalable. Au moins trois chantiers se profilent à l'heure actuelle de cette manière, sans que l'on puisse encore préjuger du résultat: un dans la Marne, un dans les Ardennes et un dans la Haute-Marne. La période gallo-romaine est concernée, mais aussi la Préhistoire (au sens strict), non compris la fouille de Farincourt, qui, après une pause de deux ans, mise à profit pour "digérer" les premiers résultats et mettre au point un programme plus ambitieux, devrait reprendre en 1997.
Je profite donc également de cet avant-propos pour lancer un nouvel appel. Trop peu d'informations nous parviennent sur les découvertes faites à l'occasion de prospections. Cela vaut tout particulièrement pour la Préhistoire. Ces données ont leur place dans le B.S.R.
Les résultats des prospections représentent la première base des projets de sondages et évaluations susceptibles de déboucher sur des fouilles programmées nouvelles, et plus particulièrement dans les secteurs thématiques qui échappent à la prévention, du fait de menaces de destruction plus diffuses ou insidieuses que les routes, carrières ou lotissements.
Enfin, il convient de l'annoncer ici, la chronique de Gallia, en souffrance dans la région depuis 10 ans, va être fournie, sous forme d'un premier manuscrit, à la fin de ce mois, au comité de rédaction de la revue. Elle a été conçue pour absorber aussi bien le retard accumulé que le contenu - abrégé, élagué et amendé es B.S.R.1991-1995. Que les responsables d'opérations passées et présentes s'attendent donc à de prochaines propositions de la part du S.R.A. (éditeur, en l'occurrence) dans ce domaine.
Résultats scientifiques significatifs (de Alain VILLES)
Le volume d'interventions sur le terrain s'est accru d'environ 30% en 1994, passant à 118 opérations, pour 76 l'année précédente.
Pour la période paléolithique, seule la fouille de Farincourt contribue à maintenir une activité de recherche.
Dans le domaine du Néolithique, la présence d'occupations du Néolithique moyen, tantôt discrètes, tantôt remaniées par les processus sédimentaires, a été décelée en fonds de vallées alluviales de l'Aube et de la Seine (Esclavolles-Lurey, Nogent-sur-Seine).
La découverte la plus notoire est un habitat probablement Cerny, associé à des monuments funéraires de type Passy et à des sépultures individuelles à Pont-sur-Seine (Aube), dans une carrière proche de la Seine.
La Protohistoire s'est enrichie d'habitats importants: Nogent-sur-Seine (ferme complète du Bronze final III), très vaste établissement hallstattien de Rosnay-l'Hôpital (Aube), ensemble partiellement dégagé d'Esclavolles-Lurey. Dans le domaine funéraire, il faut signaler :
La période gallo-romaine a connu des avancées aussi bien en milieu rural qu'urbain. Un établissement en zone basse secondaire, dense et très complet, a été étudié à Villechétif, un autre, partiellement, dans une carrière de fond de vallée à Vendresse. La seconde campagne sur le site à la fois cultuel (?) et routier d'Isômes (Haute-Marne) a fourni de nouvelles informations architecturales. Troyes a vu, avec le chantier de la porte de Chaillouet, un acquis de première importance sur le développement de la cité gallo-romaine.
A Reims, l'étude du tissu urbain gallo-romain s'est poursuivie à travers divers sauvetages, apportant des informations sur les installations en hypocaustes, la voirie, l'évolution de l'habitat et des installations artisanales. Des données nouvelles ont été recueillies sur l'implantation d'habitats antérieurement à la Conquête, dans le périmètre de l'enceinte fortifiée. Le potentiel du site de la cathédrale a été reconnu par divers sondages dans la crypte Deneux et sous le pavage de l'église, qui modifient très largement les connaissances sur l'évolution des bâtiments entre le VIe et le XIIe siècle. A Châlons-sur-Marne, les interventions ont permis de mieux connaître deux établissements religieux en périphérie de la ville médiévale (Saint-Pierre-aux-Monts et Saint-Éloi). Une série d'interventions concertées avec les Monuments Historiques a débouché sur des éléments intéressants dans des églises rurales comme Thibie, Somsois, Villenauxe-la-Grande, Romigny.
La période médiévale a fait l'objet d'interventions plus limitées sur les sites ruraux ou civils. Des observations très intéressantes ont été faites sur des fortifications, telles que le château de Sedan pour les XIIIe-XIVe siècles et l'ensemble de Lumes, décisif pour la connaissance des incidences de l'invention de l'artillerie sur les techniques d'aménagement en casemate.
L'archéologie industrielle a poursuivi sa démarche, désormais bien rodée, relative aux faïenceries, avec la campagne programmée sur Les Auges (Langres) et un livre blanc régional.