Arisitum

L'ARCHEOLOGIE EN LORRAINE (1994)
BILAN ET RESULTATS

(Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Vosges)


Source: "Bilan Scientifique 1994", Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Lorraine, Service Régional de l'Archéologie, 1995, pages 7 à 12.


Bilan et orientations de la recherche archéologique (de Martine WILLAUME, Conservateur Régional de l'Archéologie)

Il est rare qu'une même année apporte deux découvertes majeures : tel est le cas pour l'année 1994 qui a permis aux archéologues lorrains de fouiller deux ensembles essentiels, l'un, pour la connaissance du cadre de vie d'une famille aisée du Haut-Empire à Metz, et l'autre, en milieu rural, pour l'étude des pratiques funéraires des communautés protohistoriques à Mondelange (Moselle).

La photographie aérienne qui illustre la couverture de ce Bilan scientifique 1994 donne à comprendre comment la découverte de Mondelange s'insère dans la logique de la démarche patrimoniale du service régional de l'Archéologie. Si les lotissements construits dans les années 60 n'ont donné lieu à aucune observation archéologique avant leur construction - ce qui est ordinaire pour l'époque -, l'application des textes réglementaires a permis en 1993 d'instruire le permis de lotir ; les sondages systématiques ont montré les limites de la zone où les vestiges sont présents; on distingue ainsi à l'écart de la zone décapée les sondages qui se sont révélés négatifs. Le vaste décapage offre à l'étude un ensemble de structures funéraires qui se développe sur une large bande de terrain et dont on pressent qu'il se poursuivait sous les lotissements modernes.

Entre la notice rédigée en 1993 par Vincent Blouet à l'issue des sondages (Bilan scientifique, 1993, page 51 ) et le texte proposé dans ce bulletin par Pierre Buzzi et Jan Vanmoerkerke après la fouille, on peut s'exercer à mesurer les qualités de la méthode des sondages systématiques.

Si la structure la plus sensationnelle, à savoir la tombe à char, n'a pas été pressentie en 1993 - qui s'en étonnerait ?-, la densité, la complexité et la longue durée d'occupation du site, du Bronze final au premier siècle de notre ère, l'ont été, comme la richesse des inférences culturelles qui peuvent être tirées désormais de l'examen de détail des structures, des pratiques funéraires et du mobilier contenu dans les tombes.

Le choix de l'illustration de couverture de ce Bilan aurait aussi pu se porter sur la mosaïque de la domus fouillée à Metz, rue de la Pierre Hardie. Cette découverte, première d'une longue série de mosaïques trouvées en ville depuis trois siècles à avoir été saisie dans son contexte, augure bien de collaborations futures : collaboration avec les spécialistes qui l'étudieront ainsi que les peintures murales qui complètent la décoration de la pièce; collaboration avec les Musées de Metz dès la dépose... Hasard de la conservation des vestiges en milieu urbain, cet ensemble est cependant le fruit de cette démarche, qui conduit de l'instruction des documents d'urbanisme à l'étude scientifique et la conservation patrimoniale.

Ainsi, en 1994, l'instruction de près d'un millier de documents d'urbanisme a entraîné la réalisation de 164 campagnes de sondages à l'issue desquelles ont été réalisées 50 fouilles préventives. Ces sondages sont réalisés par les agents du Service lorsqu'il s'agit de surfaces inférieures à 6 ha et par du personnel contractuel A.F.A.N. dans le cadre de projets plus grands.

Les fouilles ont été essentiellement financées par les aménageurs, qu'il s'agisse de collectivités locales ou de maîtres d'ouvrages privés (12,2 millions de francs, diagnostics compris, soit en progression de 34 % par rapport à 1993) et par l’État (2,6 millions de francs), qui a augmenté son aide de 37 % par rapport à 1993.

Ces financements ont contribué à la création de l'équivalent de 41,5 emplois permanents en 1994, ce qui représente une croissance de l'emploi de 54 % par rapport à 1993.

Cette croissance régulière accentue la disparité entre l'archéologie préventive et l'archéologie programmée, dont le budget reste très faible (210.000 F) pour l'ensemble de la région, toutes périodes chronologiques confondues, à l'exception de la fouille de l'agglomération gallo-romaine de Bliesbruck qui bénéficie d'une dotation spécifique.

Le soutien financier à des opérations, dont la qualité scientifique est incontestée, a été maintenu (fouille des mines du Thillot dans les Vosges; paléométallurgie), tandis qu'un projet prometteur a été initié en 1994. Il s'agit de la fouille, menée par le Conservateur du Musée du Pays de Sarrebourg, du site de Saint-Quirin qui présente tous les éléments constitutifs des sites de hauteur de la « culture des sommets vosgiens » (habitat, carrières, nécropole, lieux de culte) concentrés sur une surface relativement faible. La campagne 1994 a notamment porté sur l'étude de la carrière principale d'extraction du grès et a bénéficié de la collaboration de M. J.-C. Bessac, ingénieur au C.N.R.S., spécialiste des carrières romaines et d'étudiants (niveau D.E.A.) de l'université de Strasbourg II. Ce projet favorise un intéressant rééquilibrage régional car le secteur des Vosges mosellanes et particulièrement les sites de hauteur sont peu abordés dans le cadre des opérations préventives et de sauvetage.

La mise en valeur légère du site rencontre l’intérêt des collectivités territoriales vu l'attrait touristique qu'il offre, sans entraîner des coûts comparables à ceux engagés sur les grands sites archéologiques de la région, comme Grand et Bliesbruck, dans le cadre de la loi programme du 5 janvier 1988 relative au patrimoine monumental. Les programmes de travaux de mise en valeur de ces deux sites seront achevés en 1995 et contribueront ainsi à l'aménagement du territoire et au développement touristique de la région. Le manuscrit du Guide Archéologique de la France consacré à Bliesbruck par MM. J. Schaub, J.-P Petit et Ph. Brunella a été remis à l'imprimerie nationale et paraîtra en 1995.

L'atlas des agglomérations secondaires de la Gaule Belgique et des Germanies et les actes du Colloque de Bliesbruck-Reinheim/Bitche d'octobre 1992 sont à mettre à l'actif des publications d’intérêt national impulsées par les chercheurs lorrains et financées par la sous-direction de l'Archéologie et ses partenaires des collectivités.

L’image de l'archéologie offerte au public comprend également la remise en état des sites anciennement fouillés. C'est pourquoi la politique engagée en la matière depuis 1992 a été poursuivie par la remise en état de la nécropole mérovingienne de la Vitrée à Pont-à-Mousson (coût pris en charge par la Ville) et de la nécropole gallo-romaine de Cutry (coût pris en charge par l’État : 125.000 F).

Mission prioritaire des services régionaux de l'Archéologie, la carte archéologique s'est enrichie de 1 207 sites enregistrés dans la base de données DRACAR qui compte désormais 13.886 entrées. L'effort de l’État s'est maintenu (34 mois de salaires et 150.000 F de crédits), tandis que celui des collectivités territoriales a largement diminué (45.000 F : Conseil Générale de la Meurthe-et-Moselle; 37.000 F : Conseil Générale de la Meuse; 20.000 F : Conseil Générale des Vosges).

Cependant, la Région Lorraine a accepté de soutenir la réalisation de la carte archéologique et de sa promotion envers le public en apportant son concours financier dans le cadre du Contrat de Plan État - Région (1994-1998), à hauteur de 500.000 F.

Deux des quatre séances annuelles de la COREPHAE ont concerné l'archéologie. Quatre propositions d'extension de classement et trois nouvelles protections ont été approuvées. On trouvera ci-contre un tableau récapitulatif de ces dossiers, auxquels s'ajoutent trois prises d'arrêtés ainsi que les huit dossiers soumis à la Commission supérieure des Monuments Historiques. La délégation de la Commission a suivi les propositions de la COREPHAE dans sept cas sur huit, ce qui prouve ainsi la qualité des sites archéologiques présentés par la Lorraine. Il faut noter en outre qu'au total en 1994, cette commission a eu à connaître de onze dossiers en archéologie en incluant les huit dossiers lorrains.

Parallèlement à ses missions d'étude et de protection du patrimoine archéologique, le service régional de l'Archéologie a poursuivi ses efforts de diffusion des connaissances, par des publications, une grande exposition et des actions de formation.

Pour la première fois en France, deux volumes de la collection « Itinéraires du Patrimoine » ont été réalisés par le service régional de l'Archéologie en collaboration avec le service régional de l'Inventaire. Confié à M. David Lavergne et Mlle Claire Descombes, élèves-stagiaires de l'école nationale du Patrimoine, l'un concerne la colline de Sion-Vaudémont, rendue célèbre par les écrits de Maurice Barrès mais qui constitue également l'un des sites archéologiques majeurs de la région.

Coordonné par J.-P Bertaux, l'autre concerne la plaine vosgienne dans l'Antiquité et a été réalisé par trois associations oeuvrant pour la valorisation des sites antiques de Grand, Soulosse et Liffol-le-Grand.

Le résultat de cinq années de recherches menées sur le tracé de la R.N. 57 entre Flavigny (54) et Vincey (88) a fait l'objet d'une plaquette de cinquante pages illustrées, destinée à faire connaître au grand public les résultats scientifiques et la préoccupation commune des services de l’État (D.D.E. et D.R.A.C.) d'assurer la prise en compte du patrimoine archéologique dans les travaux d'aménagement du territoire. Parallèlement les auteurs ont confié à la Revue Archéologique de l'Est et du Centre-Est un article de synthèse sur les résultats scientifiques de cette opération d'envergure qui fut l'une des premières expériences lorraines de sondages systématiques.

Destiné à la communauté scientifique, est paru cette année le tome consacré à la Lorraine et à la Haute-Normandie de la revue Gallia Informations. Cette chronique d'informations concernant les principales opérations menées en Lorraine de 1988 à 1991, soit une centaine de notices, a été réalisée par le personnel du service régional de l'Archéologie à partir des notices et documents fournis par les chercheurs de la région.

Édité en 1993, l'ouvrage « Aux origines de la Lorraine rurale », dans la série « Images du Patrimoine », accompagne l'exposition conçue par le service régional de l'Archéologie qui retrace l'émergence et l'évolution de l'agriculture et des sociétés rurales de 6. 000 avant notre ère jusqu'à l'an mil. Tableaux illustrés, maquettes d'habitat, poteries ont pu être réalisés grâce au concours de l’État et de divers mécènes. Cette exposition, dont l'entrée était gratuite, a été présentée à Metz (17.251 visiteurs), Commercy (2.909 visiteurs), Verdun (2.056 visiteurs) et Épinal (2.536 visiteurs), avant Nancy en janvier 1995. Pendant la présentation de l'exposition à Commercy, une journée destinée aux scolaires a été organisée. Préparée avec les enseignants, cette journée a permis à trois chercheurs du service de répondre aux questions des élèves réunis par tranches d'âge dans le cinéma de la ville.

Des opérations de promotion de moindre envergure ont été menées ; ainsi à Fontoy (57), la commune a désiré qu'une partie des résultats d'une fouille préventive soit présentée sur place dans un local prévu à cet effet. Trois tombes reconstituées, une vitrine et trois panneaux présentent l'état des connaissances, les résultats obtenus et quelques objets significatifs de la nécropole antique et mérovingienne.

A Terville (57), le service régional de l'Archéologie a été sollicité pour réaliser une présentation du site archéologique découvert et fouillé sur son ban en 1994. Cette participation s'est concrétisée par la réalisation de maquettes illustrant les vestiges, une exposition d'une partie du mobilier découvert et par une double projection de diapositives aux scolaires et au grand public.

Des actions de formation d'importance variée ont mobilisé divers agents du service régional de l'Archéologie. La cellule carte archéologique du service régional de l'Archéologie a organisé des journées de formation à la carte archéologique, destinées aux archéologues bénévoles. Cinq stages de deux jours ont amené 49 stagiaires à recevoir une formation théorique et pratique sur le terrain, à Metz (57) et à La Croix-aux-Mines (88).

En outre, des actions de sensibilisation envers les agents forestiers ont été menées. Un stage de quatre jours, intitulé « Repérage et protection des sites archéologiques » s'est déroulé au Centre national de formation forestière de Velaine-en-Haye (54), à la demande de la direction générale de l'O.N.F. avec 24 stagiaires venus de toute la France. Le succès de cette action a incité l'O.N.F. à demander au service régional de l'Archéologie de renouveler ce stage en 1995.

A l'occasion des chantiers de jeunes bénévoles, des interventions ont été réalisées sur huit sites d'accueil de l'association Rempart, touchant ainsi 357 personnes.

Des actions ponctuelles ont contribué à sensibiliser le public à l'archéologie, comme une conférence sur la carte archéologique à Moyeuvre (57) (60 personnes), une visite du site de Grand pour la S.E.B.L. (50 personnes), ou encore la promotion du livre « Aux origines de la Lorraine rurale » (L’été du livre - Metz, Haroué, Saint-Mihiel, Le livre sur la Place - Nancy).

Par ailleurs, le service régional de l'Archéologie a accueilli une stagiaire en B.T.S. de secrétariat de direction durant 2 mois, une stagiaire envoyée par l'A.N.P.E. sur le thème de la documentation durant une semaine, un ingénieur de l'O.N.F. durant une semaine et, ponctuellement, une section de 32 professeurs des écoles en deuxième année de formation à l'I.U.F.M. et un attaché. Le service régional de l'Archéologie a enfin servi de cadre aux stages en entreprise de six collégiens de 4ème ou 3ème et d'une lycéenne, stages d'une durée de trois jours à une semaine, soit une durée cumulée de un mois et demi.

Ce bilan s'inscrit dans la continuité des missions d'étude, de protection, de conservation et de promotion du patrimoine archéologique qui sont confiées au service régional de l'Archéologie.

S'il est aisé de voir progresser le nombre de protections au titre des Monuments Historiques, de publications, d'actions envers le public, l'évaluation des progrès scientifiques dans tel ou tel domaine s'apprécie sur une plus longue durée. C'est pourquoi en 1995, pour la cinquième livraison de ce Bilan scientifique, un état de la recherche, période par période, sera proposé. A la suite de la parution des décrets n° 94-422 et 94-423 du 27 mai 1994 qui ont créé le Conseil national de la recherche archéologique et les Commissions interrégionales de la recherche archéologique, la mise en place de la réforme du contrôle scientifique, engagée au cours de l'année 1994, aidera les équipes archéologiques, quelle que soit leur institution de rattachement, à mieux situer leurs travaux dans l'évolution de la discipline et de ses problématiques.


Résultats scientifiques significatifs

La fouille préalable à la création d'une Z.A.C. à Farébersviller (Moselle) a amené la découverte de fragments de céramique du Limbourg dans un chablis, hors de tout contexte structuré, attribuable au Néolithique ancien. Il s'agit là d'un des rares sites européens à céramique du Limbourg situés hors de l'aire d'implantation rubanée.

Deux sépultures campaniformes découvertes, pour l'une, à l'occasion de la création d'une zone industrielle à Basse-Ham (Moselle) et, pour l'autre, dans le cadre d'un projet d'aménagement routier à Yutz (Moselle) apportent de nouveaux éléments chronologiques sur les phases moyennes de cette culture.

La fouille préventive de la nécropole de « Schemerten » à Mondelange (Moselle), découverte en 1993 à l'occasion de l'étude d'impact sur un projet de lotissement, a révélé une vingtaine de monuments funéraires, attestés par des enclos palissadés ou fossoyés, circulaires ou quadrangulaires, ainsi qu'une centaine de tombes à incinération ou inhumation. Associées à des enclos circulaires, les sépultures les plus anciennes sont datables de la transition Bronze final IIIb-Hallstatt ancien, d'après des vases en céramique ornés de motifs graphités et divers objets d'accompagnement en métal dont un rasoir en bronze. L’occupation de la nécropole parait fortement marquée au Hallstatt moyen et final. L’attention est particulièrement retenue par une sépulture de type aristocratique ayant livré une inhumation vraisemblablement féminine, associée à un char à deux roues. Le mobilier d'accompagnement, en particulier des fibules à timbale et ressort en arbalète et une plaque de ceinture en bronze, permet une attribution au Hallstatt D2/D3, ce qui entraîne une datation haute pour un char à deux roues. L’utilisation de la nécropole se poursuit à La Tène ancienne, notamment avec une inhumation riche accompagnée d'un torque à tampons décoré d'incrustations d'or et de corail et de fibules de type Munsingen assorties. A La Tène moyenne et finale, des incinérations sont en relation avec un monument fossoyé quadrangulaire qui souligne le périmètre d'un bâtiment sur poteaux. La dernière phase d'occupation de la nécropole est caractérisée par une dizaine d'incinérations en pleine terre du début de la période gallo-romaine. La longue durée de l'utilisation de la nécropole, la densité des monuments et le caractère aristocratique de quelques tombes font de cet ensemble funéraire l'un des plus importants fouillés en Lorraine.

L’extension de la sablière GSM à Crévéchamps - « Sous Velle » (Meurthe-et-Moselle) a nécessité la réalisation d'une nouvelle tranche de fouille sur une surface de 7 hestares. Celle-ci a permis de mettre à nouveau en évidence une importante occupation de l'âge du Bronze et du premier âge du Fer, marquée par la présence de nombreux greniers et de plusieurs palissades, dont l'une présente un système d'entrée. L’élément le plus spectaculaire est cependant constitué par une zone d'extraction d'argile d'époque gallo-romaine, qui a livré près d'un millier de fosses et fossés sur une surface de plus de 3 ha.

Dans l'emprise de la Z.A.C. de Nomexy (Vosges), un habitat rural gallo-romain a été dégagé au cours d'une opération préventive sur une surface d'environ un hectare. Occupé dès La Tène finale, avec des constructions en matériaux légers, cet habitat connaît plusieurs autres phases d'occupation du 1er siècle au milieu du IIe siècle de notre ère, caractérisées par des bâtiments à fondations en hérissonnage de pierres sèches.

Au lieu-dit « La Fin Tout Chien », sur la rive gauche de la Moselle, une petite nécropole de 65 tombes pour 84 individus a été fouillée intégralement. Les sépultures, pauvres en mobilier, sont presque toutes parallèles (orientation S.O./N.E.), parfois constituées d'inhumations doubles superposées. Le défunt est déposé en décubitus dorsal à l'intérieur d'une fosse, parfois bordée de pierres mises de chant. La nécropole pourrait être située dans une phase tardive du haut Moyen Âge (VIIIe-IXe siècle).

Une fouille préventive à l'emplacement d'un futur lotissement aux « Noires Terres » à Pompey (Meurthe-et-Moselle) a amené la découverte d'un habitat gallo-romain appartenant probablement à une agglomération secondaire et présentant les traces d'une réoccupation au Ve siècle. Il est venu s'y superposer un habitat du haut Moyen Âge (VIIIe-IXe siècle) qui a livré les plans de structures semi-excavées de type « fond de cabane » et d'un grand bâtiment sur poteaux. Une petite nécropole d'une quinzaine de tombes sans mobilier (dont une majorité de sépultures d'enfants) est également attribuable à la période médiévale et fera l'objet d'une datation 14C.

Les opérations d'archéologie préventive se sont avérées particulièrement fécondes cette année à Metz (Moselle). Ainsi des niveaux d'habitat stratifiés du 1er siècle. ont été mis en évidence boulevard Robert Sérot, à l'extrémité sud de l'île Chambière, entre le cours principal et le bras est de la Moselle, indiquant l'urbanisation probable de la majeure partie de l’île dès cette époque.

Rue de la Pierre Hardie, une vaste demeure urbaine gallo-romaine a livré un important ensemble d'enduits peints, ainsi qu'une mosaïque comprenant deux panneaux à décor géométrique et végétal (noir et rouge sur fond blanc). Cette intervention a également permis l'étude de niveaux d'occupation du haut Moyen Âge (chape de sol, calages de poteaux).

Metz a conservé un important patrimoine architectural médiéval et compte plusieurs greniers tels que le Grenier de Chèvremont et la Grange des Antonistes. Cette dernière fait l'objet d'un programme de restauration qui nécessitait une analyse archéologique préalable des élévations.

Avant cette étude, on considérait que ce bâtiment était constitué par deux édifices distincts, non contemporains, avant d'être réunis. L’analyse archéologique a montré qu'il s'agit d'un seul édifice, divisé en deux volumes et construit à la fin du XIIIe siècle. Le premier, richement orné, correspond à une demeure patricienne et le second, plus vaste et sans cloisonnement, à un lieu de stockage de denrées. Au cours du XIVe siècle, ces deux ensembles sont réunis en un seul volume et sont rehaussés par un étage supplémentaire. Seule la vocation de stockage subsiste alors. Tout en guidant les choix de restauration de ce bâtiment exceptionnel, l'analyse s'insère dans l'étude des types de bâti médiévaux et du développement urbain de Metz.

La première fouille préventive effectuée à Vaucouleurs (Meuse), rue du Grand Geoffroy, a concerné un secteur de 700 m2 situé à une quarantaine de mètres à l'intérieur de la fortification médiévale. L’étude de trois bâtiments du XIIIe siècle a apporté des informations sur le parcellaire, le module et les modes de construction mixte des habitations ainsi que sur l'activité artisanale de ce secteur périphérique où l'étude ostéologique a pu mettre en évidence la présence de déchets spécifiques liés à la pratique de l'équarrissage.

A Rosières-aux-Salines - « Le Neucourt » (Meurthe-et-Moselle), l'extension d'une sablière a amené la réalisation d'une fouille préventive à l'emplacement d'un ensemble de paléochenaux présentant des alignements de pieux sur leurs berges. L’un d'eux peut être interprété comme le canal d'amenée des bois au bâtiment de graduation de la saline. Il a en effet livré une série de dates dendrochronologiques centrées autour de 1720, année de construction de ce bâtiment.


Introduction