31- Philippe le Bel est le dernier roi capétien. Il élargit le domaine royal dont il a hérité grâce à l'acquisition du comté de Champagne à l'est. La paix régnait dans son royaume qui abritait environ quinze millions d'habitants. Le roi devenait plus un vrai souverain qu'un suzerain.
32- Philippe le Bel est aussi un grand organisateur de l'administration de l'état et un grand politique. Le voici entouré de ses héritiers. A droite, sa fille Isabelle, qui va épouser le roi d'Angleterre. De chaque côté, les fameux conseillers légaux du roi, les légistes, qui venaient au début de la petite noblesse, puis de la bourgeoisie ou de la noblesse de robe. Ils deviendront les avocats et les magistrats. Les légistes étudiaient le droit romain et codifiaient les nouvelles lois du royaume. Avec les baillis, ils assuraient un soutien essentiel dont avait besoin un état pourvu d'une administration centralisée.
33- Philippe le Bel avait constamment besoin d'argent pour faire la guerre, ce qui l'obligeait à lever des taxes sur le clergé. Le Pape voyait d'un mauvais oeil que les revenus de l'Eglise lui échappaient au profit du roi de France. Il s'en suivit un long conflit entre le Pape et Philippe le Bel. Les évêques français suivirent la politique royale, par gallicanisme, c'est à dire pour ne pas dépendre du Pape plus que du roi. Le Pape est représenté ici avec les insignes de la papauté : il tient un parchemin scellé d'une bulle, d'où le nom de bulle pontificale. Dans l'autre main, les clés rappellent la mission confiée à St.Pierre.
34- Philippe décida de prendre l'argent où il se trouvait. Il taxa lourdement les Lombards et les Juifs, puis les expulsa après avoir saisi leurs biens. Frappant un grand coup, il confisqua les biens du puissant ordre des Templiers qui se livraient à des opérations financières internationales et fit brûler cinquante templiers dont le grand maître Jacques Morlay. En règle générale, les dépouilles des suppliciés étaient exposées aux gibets de Paris que l'on voit au fond.
35- Le progrès de la centralisation monarchique mécontentait les grands seigneurs. Les nouveaux impôts dressaient les bourgeois contre le pouvoir. Le peuple accablé par les taxes et les famines se révolte. Ce sont les Jacqueries, les révoltes paysannes, qui vont bouleverser la France pendant des siècles. Désepérés, les paysans pillent et brûlent les châteaux dont ils massacrent les habitants.
36- En 1314, Philippe le Bel meurt sans laisser d'héritier mâle. Une crise dynastique allait précipiter la France dans une guerre où, dans l'absence d'un Dauphin sacré roi à la mort de son père, vont s'affronter deux héritiers collatéraux, le roi d'Angleterre -- gendre de Philippe le Bel, et le neveu de celui-ci, Philippe de Valois. Cette miniature représente les funérailles de Philippe le Bel, dernier roi capétien.
37- C'est sous les Capétiens qu'ont eu lieu les Croisades. Elles étaient un facteur d'ordre et de paix intérieure en détournant vers l'extérieur la turbulence guerrière. En 1095, quand les Musulmans détruisirent les lieux saints de Jérusalem, le Pape décida d'organiser une expédition pour délivrer la ville sainte. Jérusalem est au sud de la carte.
38- Suivant le chemin des pélérinages, les croisades combinaient les motivations politiques, religieuses et économiques dans des proportions diverses car leur but général était d'assurer aux chrétiens le libre accès non seulement au tombeau du Christ mais aussi aux pays et aux richesses du proche Orient. En fait, il y eut d'abord une croisade populaire -- un mouvement d'enthusiasme du petit peuple -- qui fut taillée en pièces avant d'ateindre la terre sainte.
39- Les chevaliers des grandes croisades quittaient leurs domaines pour se battre dans des terres lointaines contre les Musulmans. Les Musulmans étaient peints sous des aspects effrayants, comme on le voit à droite sur la miniature. La lutte contre les infidèles, c'est-à-dire contre les Musulmans, est perçue comme la victoire du Bien sur le Mal.
40- Les huit croisades qui eurent lieu entre 1095 et 1270 ont eu une grande répercussion sur la société européenne et en particulier sur la France. Prêchée en 1095 par le Pape Urbain II, la première croisade des princes et des nobles se termine quatre ans plus tard par la prise de Constantinople par Godefroy de Bouillon. On appelait les croisés ces chevaliers armés qui combattaient au nom de la Croix mais avec autant d'ardeur guerrière que religieuse.