Arisitum LES CEVENNES VIGANAISES EN 1786-1787 (suite)


Il n'y a point d'hopital général dans le département; la seule maison qui porte ce nom est à Saint Hipolite. Dans son principe, l'hopital de cette ville étoit une maison de charité, louée par des administrateurs. Deux infirmiers avoint besoin des malades qui y étoint receux. En 1695, la communauté acheta cette maison pour le meme usage. Les soldats y étoint receus, le prix des journées étoit payé aux administrateurs, quy faisoint la fourniture. En l'année 1700, époque des guerres civilles en Cévennes, la communauté de Saint Hipolite traita avec les Supérieures des Soeurs de la Charité pour en avoir deux, qui, moyenant 300 livres, furent chargées de l'éducation des jeunes filles. Dans la suite, ces filles remplacèrent les infirmiers de l'hopital qui leur fut confié. Elles y recevoint tant les pauvres malades que les soldats. Les premiers y ont été receus tant que les meubles qui leur avoint été destinés ont duré; du moment que n'y en a plus eu, et c'est depuis environ 50 ans, on n'y a receu que des soldats, mais jamais d'enfants trouvés.


Saint-Hippolyte-du-Fort

Successivement, le nombre des Soeurs qui, dans l'origine, n'étoit que de deux, s'est porté à cinq. L'une d'elle est l'oeconome, qu'elles appellent Supérieure; elle fait la recette et la dépense, tient registre des entrées et sorties, soit par mort ou autrement, d'après lequel elle forme un état chaque mois, qui est arreté par le Commissaire des Guerres, et se nomme aujourd'huy Françoise BOULET, originaire de Picardie. En deux diférentes époques, le Roy aggrandit cet hopital en y joignant deux maison quy y sont attenantes, et qu'il acheta. La localité est très avantageuse, ainsy que sa situation; il y coule au milieu de la cour une fontaine, dont les eaux sont excellentes; la chapelle fut battie aux dépens d'une Soeur qui employa son patrimoine non seulement pour cette construction, mais encore pour les ornements. Le Service Divin s'y fait par un aumonier breveté et payé par le Roy depuis 26 ans. Le curé de cette parroisse, avant cette époque, avait soin d'administrer les malades. Cet hopital n'est sujet à aucunes charges, rentes, gages, dépenses ny réparations par luy même. Le Roy accorde annuellement 300 livres des réparations, y compris la conduite et entretien de la fontaine. Ces réparations sont accordées d'après l'état donné et vérifié par le Commissaire des Guerres.

Les revenus de cet hopital consistent:


Ancienne tour et porte d'entrée de Saint-Hippolyte-du-Fort

Sur le produit cy dessus, les cinq Soeurs doivent se vetir et se nourrir saines et malades, elles doivent aussy nourrir et médicamenter les soldats malades. Le Roy fournit 27 lits qu'il y a, ainsy que les fournitures des dits lits. Les Soeurs sont tenues à toutes les autres dépenses et entretien, mais depuis peu de tems, le Roy a accordé une gratification pour le linge autre que les draps de lits pour les malades.

Cet hopital, ou l'on ne recoit que des soldats, devroit etre réputé purement militaire. Il est néantmoins considéré pour etre de charité. Les Soeurs, sous prétexte qu'il n'y a que les soldats qui y sont admis, ont tenté plusieurs fois de le faire déclarer militaire, pour avoir sans doute un meilleur sort et traitement. Il faloit avoir le consentement de la communauté, qu'elle na jamais voulu donner, quoi que l'hopital ne luy soit d'aucune utillité pour les pauvres de la ville. Elle a toujours voulu conserver son droit pour en uzer, sy les circonstances le luy permettoint, par la raison que le tiers de maisonage, le jardin et meuriers, luy apartiennent. Le seul moyen d'améliorer cette maison seroit de le rendre tout à la fois militaire et général. Il conviendroit que les pauvres et les malades de la ville y feussent receus, parce qu'alors, les charités des habitans s'y verseroint et les revnus en augmenteroint insensiblement, indépendemment des secours que le Roy pourroit luy procurer, s'il étoit militaire, au lieu qu'aujourd'huy, ce n'est proprement parler qu'une maison de charité.

Il n'y a pas d'autres hopitaux, ny hospices, dans l'étendue du département, excepté en la ville du Vigan et en celle de Sumène. Dans la première ville, il y a une petite maison pour coucher 6 pauvres passants, s'ils tombent malades, ou pour recevoir 6 pauvres malades de la ville. Cet hopital n'a aucune espèce de revenu, il ne se soutient, et les malades ny sont nourris et soignés que par les secours du Bureau de charité qui y est étably, et par les Dames que le bureau nomme tous les ans, et qu'on appelle Dames de Miséricorde. Dans la seconde, il y a également une petite maison qu'on appelle hopital, mais quy n'en a que le nom. Elle contient 6 petites chambres dont une seule meublée d'une chaise, d'un bois de lit, d'une paillasse et d'une couverture, est destinée pour faire coucher un pauvre malade passant, et les autres sont habitées gratis par des particuliers pauvres. Cette maison est sans rente, ny revenu. Ce sont les charités des partyiculiers quy fournissent aussy à tous les besoins.


Sumène

L'on a déja donné une idée du commerce qu'il y a dans le diocèse; c'est un commerce borné qui roulle uniquement sur les soyes et sur certaines petites manufactures et fabriques répandues dans les villes et les campagnes. Il est a peu près le même dans tout le diocèse. L'on spécifiera dans l'article suivant ce qu'il y a de particulier dans chacun des endroits principaux, en observant au surplus, que dans presque toutes les villes et gros lieux, il y a des marchands en draperies, toilerie, mousselines et autres marchandises dont ils vont se pourvoir ailleurs et qu'ils revendent sur les lieux.


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